Description
«Entre la bienheureuse inconscience des premiers âges et le moment où chacun raisonne, il y a un temps où le jeune être se tourne vers la vie comme une plante avide de printemps. Un temps plus ou moins ensoleillé ou peuplé de merveilleux. Le tort est d’imaginer les enfants incapables de sentiments tumultueux et de dire, à propos de tout et de rien, qu’ils ne comprennent pas.»
Ainsi s’ouvre Le temps des madras, un roman d’apprentissage à hauteur d’enfant qui brosse le portrait d’une vie paysanne et modeste à Morne-Rouge, aux pieds du mont Pelé, dans la Martinique des années 1920. Pour la narratrice, sa mère Délie, tante Clotilde, tante Acé ou madame Casimir, les travaux des champs, les enfants qui naissent et grandissent, les grandes misères et les petites joies rythment un quotidien où pèse encore le poids de l’oppression esclavagiste ancestrale.
Avec une chaleur dont Françoise Ega avait montré toute l’ampleur critique dans Lettres à une Noire, Le temps des madras esquisse, derrière «des souvenirs d’enfance revus et corrigés, dépouillés de toute ombre» (Maryse Condé), une charge contre les stéréotypes coloniaux et le patriarcat. Chez Ega, l’écriture est l’arme adéquate pour atteindre l’émancipation et, surtout, un universalisme effectif, dans la lignée des revendications des féminismes noirs.