Qu’Edmund Wilson (1895-1972) ait entrepris, à la même époque, une vaste enquête, publiée en 1960 sous le titre Pardon aux Iroquois, vibrant plaidoyer en faveur des droits des autochtones et du respect de leur différence, apparaît aujourd’hui étonnamment prémonitoire. A la nouvelle parution en français de cet ouvrage, introuvable depuis une première édition en 1976, répond d’ailleurs 10 000 km, le récit haletant d’un jeune Amérindien d’origine mexicaine, Noé Alvarez, qui montre implicitement le chemin restant à parcourir, plus d’un demi-siècle après cette enquête prophétique.
Pour Wilson, tout commence par un article publié en 1957 dans le New York Times rapportant que des Mohawk (l’une des tribus iroquoises), hostiles à la construction d’un pont sur leur réserve, squattent, dans le nord de l’Etat de New York, un territoire dont ils s’estiment de longue date propriétaires. Intrigué par cette lutte qui se déroule à proximité de sa maison de campagne, Wilson déniche une carte des terres attribuées aux Iroquois un siècle et demi plus tôt… pour finir par se rendre compte que son propre terrain s’étend justement dans un secteur litigieux.
Une colère grandissante
En visite sur le squat mohawk, il découvre un campement de plusieurs familles. Une relation chaleureuse s’établit entre Standing Arrow, leader du groupe protestataire, et l’éminent critique littéraire du New Yorker mué en journaliste de terrain. « J’avais pénétré un monde aussi différent des Etats-Unis que l’est n’importe quel pays étranger, écrit Wilson. Voilà que mon vieil Etat de New York trouvait à s’insérer dans une histoire qui remontait bien au-delà de sa naissance. »
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Marie-Hélène Fraïssé, Le Monde, 3 février 2022.
Photo: Une cérémonie au Sacred Stone Camp, dans le Dakota du Nord, en 2016, lors d’un rassemblement pour protester contre la construction d’un pipeline.