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2 décembre 2016

Romeo Saganash raconté à sa fille, Maïtée

« On souffre d’un certain silence, on voit son père souffrir, mais on ne sait pas pourquoi. On a très peu de mots pour expliquer toutes ces souffrances. » Maïtée Labrecque-Saganash savait que son père, le député cri Romeo Saganash, avait séjourné dans un pensionnat autochtone, mais il ne lui avait jamais parlé de cette période. C’est maintenant chose faite grâce au livre d’Emmanuelle Walter, Le centre du monde. L’auteure a voyagé avec Saganash au coeur du grand territoire de sa circonscription, en Eeyou Istchee Baie-James, et colligé ses témoignages. Le père et sa fille discutent du passé du politicien autochtone avec Catherine Perrin.

Maïtée Labrecque-Saganash réagit au livre : « Il y a certaines choses que je comprends. Le bout où il dit qu’il essuie son couvert dès qu’il a fini de manger. Je l’ai toujours vu faire ça… Il le dit dans le livre : c’est un réflexe du pensionnat. »

La jeune femme de 21 ans a trouvé certains passages plus drôles parmi les anecdotes qu’elle ne connaissait pas : « Papa qui trouve une clé dans la cour du pensionnat… Il ne sait pas quelle porte elle débarre. Finalement, c’est le congélateur… Papa mange trois gallons de crème glacée au chocolat avec ses amis. Ils sont malades. »

Un héritier kidnappé

« J’ai passé les six ou sept premières années de ma vie sur le territoire de mon père. On sortait très rarement du territoire pour aller au village durant l’été. Après ça, on m’a kidnappé pour m’amener au pensionnat », relate Romeo Saganash.

« Lorsqu’on raconte ces années-là, on revit la situation. Par conséquent, c’est toujours difficile. Chaque fois que je raconte certaines parties de mes histoires, je revis ces moments-là. Et je traîne ça depuis que suis entré [au pensionnat], la première nuit. »

Eeyou Istchee, mon amour

Le centre du monde donne aussi l’occasion au politicien de parler de sa terre natale. « Très peu de gens comprennent cette relation qu’on entretient avec notre territoire, avec notre environnement, souligne-t-il. Quand on est né littéralement sur la terre, comme ça a été mon cas – je suis né sous la tente –, quand on réalise que nos ancêtres ont parcouru ce territoire, aimé ce territoire, qu’il a donné la vie, la liberté, également… On comprend. Ce qui se passe à Standing Rock, je le comprends profondément. Quand les Autochtones en Colombie-Britannique essaient de défendre leur territoire, je les comprends totalement. »

Médium large, radio de Radio-Canada, 2 décembre 2016

Photo : Maïtée Labrecque-Saganash et Roméo Saganash. © Radio-Canada/Olivier Lalande

Lisez l’original et écoutez l’entrevue ici.

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