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1 décembre 2021

Pour le vivre-ensemble

La nécessité de réfléchir à la diversité

Autrefois très hétérocentré et axé sur les oeuvres écrites par des hommes blancs cisgenres, le milieu de l’édition en général s’ouvre de plus en plus à la diversité. En témoignent des initiatives essentielles comme la librairie Racines, située dans le quartier Rosemont à Montréal, la présence accrue de personnes issues de la diversité qui occupent des postes clés dans le secteur du livre, ou encore les nombreuses publications de maisons d’édition qui contribuent, depuis leur fondation, à la diversité culturelle et littéraire : pensons à Mémoire d’encrier et à Lux éditeur.

« Depuis les tout débuts de l’entreprise, confie Mark Fortier, l’un des éditeurs chez Lux éditeur, mes collègues et moi avons le souci de publier des livres qui promeuvent des valeurs qui nous tiennent à coeur, comme l’égalité et la justice sociale. C’est ce qui nous a amenés à accorder une tribune aux oubliés de l’histoire et à nous intéresser de près à des sujets tels que l’immigration, le colonialisme, les violences sociales, la diversité. Cette dernière, chez Lux éditeur, est organique, naturelle ; elle va de soi. »

Si Lux éditeur fait beaucoup pour la diversité, force est de reconnaître que plusieurs autres maisons lancent désormais des titres qui s’inscrivent dans ce créneau. Quelles sont ces publications ? Qu’apportent-elles à cette question de société ? Cet article présente onze essais majeurs qui remettent en question les principes de la pensée unique et de la culture monolithique.

Des anthologies de textes fondateurs

On se souvient peu de MOHAMED SAÏL. Militant communiste né en Kabylie, une région située au nord de l’Algérie, il est très vite remarqué pour ses prises de position farouchement anticolonialistes. En effet, il dénonce les conséquences désastreuses de l’impérialisme français sur l’économie et la culture de l’Algérie, de même que sur le climat sociopolitique du pays, gangrené par le racisme. En outre, il critique vertement les conditions de travail de ses compatriotes dans une série de six articles intitulée « Le calvaire des travailleurs nord-africains ». Heureusement, les lecteurs et lectrices ont maintenant accès à ces textes et à bien d’autres que Saïl a fait paraître au cours de sa carrière, puisqu’ils ont été colligés par Francis Dupuis-Déri, professeur de science politique à l’Université du Québec à Montréal. L’étrange étranger. Écrits d’un anarchiste kabyle réunit une trentaine de contributions que le syndicaliste et anarchiste a rédigées entre 1924 et 1951. Ces brûlots n’ont pas pris une ride ; au contraire, ils trouvent écho dans plusieurs mouvements contestataires de l’heure, dont Black Lives Matter.

(Lux éditeur, coll. « Instinct de liberté », 2020, 176 p., 16,95 $, 978-2-89596-336-3.)

Quiconque s’intéresse un tant soit peu aux études postcoloniales risque tôt ou tard d’être initié aux écrits d’Ella Shohat, professeure en études culturelles à la New York University. Selon les termes de la chercheuse, elle explore « [d]es sortes de récits et perspectives transfrontalières au moyen de ce que l’on peut appeler des “lectures diasporiques” ». Privilégiant une approche interdisciplinaire, Shohat décloisonne les champs d’études dans ses travaux et établit des liens entre des objets de recherche que tout, a priori, oppose. Ainsi, elle montre l’existence de similitudes entre l’histoire du Moyen-Orient et celle des Amériques. Pour le plus grand bonheur des spécialistes et des néophytes, Lux éditeur a eu l’excellente idée de réunir quatre études fondatrices de Shohat dans un livre intitulé Colonialité et ruptures. Écrits sur les figures juives arabes. Sélectionnés et présentés par JOËLLE MARELLI et TAL DOR, ces textes ont joué un rôle majeur dans l’émergence et la consolidation des études juives arabes. Il ne reste plus qu’à espérer que ce champ, grâce au travail de la maison, soit davantage reconnu.

(Lux éditeur, coll. « Humanités », 2021, 312 p., 34,95 $, 978-2-89596-340-0.)

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Autopsie du racisme et des différentes formes d’exclusion sociale

Spécialiste de l’histoire de l’esclavage dans le sud des États-Unis et dans les Antilles, JEAN-PIERRE LE GLAUNEC, professeur au Département d’histoire de l’Université de Sherbrooke, signe, avec Une arme blanche. La mort de George Floyd et les usages de l’histoire dans le discours néoconservateur, un essai pamphlétaire d’une rare virulence. Prenant pour point de départ les six chroniques polémiques qu’a fait paraître Christian Rioux au lendemain du décès de Floyd, Le Glaunec élargit son champ d’analyse à d’autres penseurs associés à la droite politique, dont Mathieu Bock-Côté et Alain Finkielkraut. Pour le chercheur, ces néoconservateurs, en plus de rester indifférents face à la mort de Floyd, instrumentalisent cet événement tragi que. Pire encore, ils l’utilisent afin de véhiculer leurs idées politiques bien arrêtées et de délégitimer ceux qu’ils appellent « les gauchistes », « les multiculturalistes », « les racialistes » ; en un mot, les forces progressistes de la société. Tout en passant au crible les discours de Rioux et consort, Le Glaunec démontre qu’il est plus que néfaste de s’approprier la vérité historique.

(Lux éditeur, coll. « Lettres libres », 2020, 144 p., 19,95 $, 978-2-89596-352-3.)

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Nicholas Giguère, Collections, vol. 8, no 4, décembre 2021

 

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