Politis, n°1209, 28 juin 2012
Idées – parutions de la semaine
Alexis Duval, Olivier Doubre
Dans les États-Unis des années 1960, une voix discordante s’est élevée au milieu d’une société de consommation uniformisante pour en pointer les dérives. Cette voix, c’est celle de l’historien américain Daniel Boorstin. Depuis, son analyse sociologique de l’american way of life fait autorité et son ouvrage le Triomphe de l’image est devenu une référence. Guy Debord a d’ailleurs reconnu l’apport du penseur à son œuvre phare, la Société du spectacle. Enfin traduit, l’ouvrage de Boorstin, initialement paru en 1962, conserve toute sa force et trouve, cinquante ans plus tard, un écho pertinent dans une société toujours plus en proie au culte de l’image. L’auteur développe surtout sa théorie du pseudo-événement – le grand apport de l’analyse de Boorstin –, qui qualifie un événement créé de toutes pièces, véritable « prophétie autoréalisatrice » destinée à alimenter les chaînes dites « d’information ». Car, parmi les responsables de la prolifération des pseudo-événements, les médias sont évidemment les premiers en ligne de mire de cette analyse pionnière, restée trop longtemps méconnue en France.