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Portrait photo de Marie-Hélène Voyer.
4 février 2023

Marie-Hélène Voyer: Les nostalgies sélectives

Conférence donnée à l’UQAR le 24 janvier, par Marie-Hélène Voyer, poète, essayiste, enseignante en littérature au Cégep de Rimouski, et autrice de L’habitude des ruines : le sacre de l’oubli et de la laideur au Québec, édition Lux, 2021. Discussion animée par Jean-René Thuot, professeur d’histoire à l’UQAR.

La conférence donnée par Marie-Hélène Voyer avait pour objectif de revenir sur son ouvrage et approfondir certains points. Le but de cet article est simplement de mettre en lumière les points importants soulevés et la pertinence de cette conférence sur notre rapport aux bâtiments hérités, surtout dans une période de crise du logement et écologique.

L’autrice part du constat que ce qui relève du patrimoine, du beau et de l’histoire se place dans un lux qui déteint avec les difficultés quotidiennes. Or, à travers cette croyance, on s’accoutume à la démolition des anciennes bâtisses. Souvent, cette démolition est masquée par des discours portés sur le neuf, l’innovation et la rénovation.

Pourtant, ce patrimoine n’est certes pas grandiose et révèle une certaine modestie, mais il est porteur d’une véritable richesse. En effet, le patrimoine est un lieu d’attache à la fois émotif, historique et porteur de leçons de vie. C’est le témoignage sincère d’un lien avec les anciens rêves qui ont pris forme. Ces lieux qui nous forgent.

Notre patrimoine est menacé par le capitalisme car il dirige la construction des bâtisses en ayant comme cible non pas les personnes qui vivent, expérimentent et ressentent, mais les consommateurs et consommatrices potentiels que nous représentons. Ce qui donne lieu à des bâtiments « fantômes et des façades aveugles sans âme. ». Les bâtiments chargés en histoire sont alors remplacés par de l’impersonnel, de l’indifférencié.

Ce n’est pas seulement en acte que le patrimoine est effacé, c’est aussi à travers les noms que l’on donne à nos bâtisses restaurées. Par exemple, le théâtre du Bic, ancienne grange, ne porte plus du tout ce nom qui caractérisait son origine modeste. Ne pas assumer cette modestie est fort signifiant : le patrimoine qui exigerait d’être préservé serait uniquement le grandiose, ce qui relève de la richesse matérielle.

Le modeste, au contraire, relève de l’expérience personnelle des lieux et des petits moments. De ce fait, le regard de la citoyenne et du citoyen devient nécessaire pour comprendre le patrimoine et le préserver. Ce qui doit être couplé à une éducation par la déambulation dans les rues. Or, l’usage systématique de la voiture réduit la possibilité de créer un lien personnel et émotionnel avec les choses qui constituent notre environnement.

L’expérience des lieux et des petits moments personnels constituant la trame qui permet de comprendre les lieux de patrimoines.

Or, ce patrimoine traduit son importance lorsqu’il disparait : un vide se fait sentir, car il expose un manque de témoin de nos histoires et de nos ancêtres. Aujourd’hui, nous sommes en déficit d’images de notre patrimoine, de nos anciennes bâtisses en bois.

Mathieu Perchat, Le Mouton noir, 4 février 2023.

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