Marie-Hélène Voyer, la critique virulente de notre développement urbain
La professeure de littérature et poète Marie-Hélène Voyer est devenue essayiste par accident en publiant une lettre d’amour au territoire intitulée L’habitude des ruines : le sacre de l’oubli et de la laideur au Québec. « Il y a moyen d’être baveux tout en étant aimant », dit-elle au sujet de ce titre.
Selon elle, Montréal, Québec et Rimouski sont atteints du même mal : « La gangrène est partout; la gangrène de l’indifférence, des paysages indifférenciés… Un territoire de hangars de tôles ondulées, c’est un peu ça qu’on est en train de se fabriquer et de léguer à nos enfants. »
Marie-Hélène Voyer est née sur une ferme au Bic, près de Rimouski. Dès l’enfance, elle a ressenti « la violence » des clôtures enserrant les propriétés.
L’ennui et la liberté à la ferme ont cédé la place chez elle à la curiosité intellectuelle et à la découverte du monde une fois à l’école. Marie-Hélène Voyer est restée le plus longtemps possible à Rimouski, où elle a étudié en littérature à l’université, et ensuite à Québec. « J’y ai trouvé absolument tout pour me nourrir. […] C’est un réservoir extraordinaire pour disséquer la nature humaine », dit-elle en évoquant ses études en littérature.
« Je n’ai jamais pensé d’être écrivaine », dit l’auteure, même si elle écrivait assidûment à l’adolescence « afin de fuir l’ennui de la campagne ». Durant ses études doctorales, Marie-Hélène Voyer tenait un blogue. Elle en a fait un manuscrit et l’a envoyé à une seule maison d’édition : « Je pense vraiment que je ne tenais pas tant que ça à publier. Je me suis dit : c’est La Peuplade ou rien. »
Chose certaine, la vie en campagne et la littérature ont forgé le regard de Marie-Hélène Voyer, qui pense que « le malaise territorial sera la grande question du siècle ».
Entretien avec Michel Lacombe, Le 21e, Radio-Canada, 18 janvier 2022
Photo: Charles Briand
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