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Détail de la couverture du titre «Veganwashing».
22 janvier 2025

La belle utopie véganiste

Aujourd’hui, il est de bon ton, surtout pour les grandes corporations, de se dire sensibles à la protection de l’environnement et au sort des animaux. On parle alors de veganwashing lorsque des entreprises ou des gouvernements tentent de verdir leur image à l’aide de publicités qui les montrent préoccupés par l’environnement ou la cause animale. C’est sur ce phénomène que se penche Jérôme Segal dans Veganwashing : l’instrumentalisation politique du véganisme.

 

Les premières sociétés de protection des animaux (SPA) apparaissent en Europe vers le milieu du XIXe siècle, tandis qu’à Montréal une SPCA voit le jour en 1869. Ce sont d’abord les riches et les bien nantis qui se disent préoccupés du sort des animaux, surtout des animaux de compagnie ou des chevaux d’équitation, un sport réservé à l’élite.

Il faudra attendre le milieu du XXe siècle pour qu’on commence à parler du «droit des animaux ». C’est aussi à ce même moment qu’apparaît le mouvement végane, né d’une scission avec le végétarisme, parce que s’opposant à la consommation d’oeufs, de lait et de tout autre produit lacté.

Quelques données

L’élevage produit 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), plus que tous les modes de transport réunis (14,1 %), et la majeure partie de ces émissions provient de l’élevage bovin (65 %). Le méthane contenu dans les gaz digestifs des ruminants est 25 fois plus fort que celui du dioxyde de carbone. Quant à l’élevage de volailles, il émet 65 fois plus de GES que la production de légumes.

Plus des trois quarts des terres utilisées par les humains pour leur alimentation sont consacrées à l’élevage. Si vous pensez que la déforestation en Amazonie est surtout liée à la culture du soja, détrompez-vous.

«La vérité, c’est que les terres arrachées aux forêts amazoniennes servent avant tout aux pâturages (et donc à la production de viande et de produits laitiers).»

Autres données alarmantes : il faut 15 400 litres d’eau pour produire un kilo de viande de boeuf «et seulement 237 litres pour un kilo de chou, 287 litres pour un kilo de pommes de terre…»

La santé

Il y a, bien sûr, d’autres raisons pour devenir végane. La consommation de viande rouge ainsi que de produits dérivés de la volaille augmente la possibilité d’être atteint du cancer, notamment le cancer colorectal, ou du diabète de type 2.

Or, la vitamine B12, indispensable à la bonne formation des globules rouges, à la protection du système nerveux et à la réparation de l’ADN se trouve presque exclusivement dans les produits d’origine animale, affirme l’auteur, devenu végane pour protéger sa santé, mais aussi pour des raisons éthiques. Que faire ?

Et le veganwashing? me demanderez-vous. Segal cite abondamment le cas d’Israël, le plus grand consommateur de viande au Moyen-Orient – «en 2020, on consommait 99 kilos de viande par habitant en Israël contre 77 kilos en Europe et 90 kilos au Canada » – et où l’on pratique cependant un nationalisme végane, se préoccupant davantage du sort des animaux que des Palestiniens.

Et de citer Yair Nétanyahou, le fils du premier ministre : «Il y a de mauvaises personnes qui méritent de mourir (meurtriers, terroristes [palestiniens], etc.). Il n’y a pas de vaches, de chèvres, de poulets et de cochons méchants. Ils sont tous innocents.»

D’un autre côté, plusieurs dénoncent la récupération du véganisme par les multinationales de l’alimentation.

Pour Jocelyne Porcher, technicienne agricole et sociologue de l’élevage, «les théoriciens et militants végans ne sont pas des révolutionnaires, ils sont, au contraire, clairement les idiots utiles du capitalisme. […] La condamnation de la viande a également un autre intérêt, elle prépare l’arrivée d’alternatives biotechnologiques comme la viande in vitro ».

Quoi qu’il en soit, le véganisme est là pour rester, conclut l’auteur, et son progrès est constant.


Jacques Lanctôt, Le Journal de Montréal, 22 janvier 2025.

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