Du colon au Québécois moderne
Essais sur l’identité
L’un des traits principaux qui caractérise la culture est son rapport à l’identité. Tous les chercheurs et critiques qui interrogent l’histoire de ce peuple unique en Amérique sont confrontés un jour ou l’autre à la question du «qui sommes-nous?» Des premières publications canadiennes-françaises du début du XIXe siècle aux plus récents essais contemporains, la question apparaît comme le fil de trame d’un récit qui se tisse au hasard des différents textiles qui viennent composer sa courtepointe. Nous proposons ici un choix d’essais récents qui mettent de l’avant cette question et les différentes influences qui s’exercent sur elle au contact des autres cultures. Loin d’être le lieu des certitudes et de la stabilité, nous verrons que l’identité québécoise est un carrefour d’hybridation qui s’enrichit sans cesse de ce qu’il intègre et ramène à lui.
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Philosophe, essayiste et polémiste parmi les plus influents de son époque, Alain Deneault poursuit son travail critique avec une rigueur et un souci de documentation inégalé. Dans Bande de colons. Une mauvaise conscience de classe, chez Lux éditeur, il revisite le mythe national canadien à la lumière des théories d’Albert Memmi et de Karl Marx, mais en y ajoutant son grain de sel. Au diptyque colonisateur / colonisé, il ajoute une variable, qui a toujours été là, en creux, mais trop peu mise de l’avant : le colon. À ce titre, pour lui, le Québécois n’est pas un colonisé, mais bien un colon, en ce qu’il sert de courroie de transmission au colonisateur dans l’exploitation du territoire. Deneault trace un portrait sombre du Canada, qu’il réduit à un ensemble de volontés colonisatrices issues de la soif de pécule de quelques oligarques, qui exploitent à la fois les ressources et les êtres sur le territoire. Il s’agit d’un essai exigeant, polémiste, mais terriblement éclairant pour quiconque a envie de sonder les questions identitaires.
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Collections, vol. 7, no 4, janvier 2021