Alberto Prunetti œuvre dans le sillage d’une littérature prolétarienne et, d’ailleurs, il chemine avec le fantôme de son père, travailleur de l’amiante, mort pour l’amiante. A ce babbo qui l’entraînait au foot dans sa Toscane natale tandis que lui se donnait « des airs d’existentialiste français », Alberto Prunetti a consacré un livre beau comme du Ken Loach (« Amianto », éd. Agone, 2019) et le voici qui poursuit son « Odyssée lumpen » par le récit de quelques années de petits boulots (on ne disait pas jobs alors) dans l’Angleterre de Thatcher quand les plus pauvres fuyaient « une Italie au bout du rouleau ».

Cette fois, avec tous les personnages échappés des petites cases de sa mémoire tel ce « Pavarotti » si bon camarade, préposé au nettoyage des chiottes dans le centre commercial où ils sont tous, là, à trimer du matin au soir. Son livre est splendidement écrit, comme « Dans la dèche à Paris et à Londres » de George Orwell.