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10 novembre 2016

Alain Deneault: «Nous avons assisté à la défaite de l’extrême centre»

Entretien d’Alain Deneault, auteur de Politiques de l’extrême centre, avec Natalia Wysocka du journal Métro.

« “Le 8 novembre, nous avons assisté à la défaite de l’extrême centre. Je suis un peu comme tout le monde, j’ai été pris de court…” note Alain Deneault, qui publie en ce jeudi un livre tristement à propos.

Dans ce nouvel essai, qui s’inscrit dans la lignée de Gouvernance – Le management totalitaire et de La médiocratie, le philosophe offre une réflexion sur l’extrême centre. Une notion qui cherche à supprimer la dialectique gauche-droite. Et qui n’est guère “le présage de bonnes nouvelles”. “En se présentant au centre, on se présente comme étant pondéré, pragmatique, rationnel, raisonnable, alors qu’on se réclame de ces épithètes sur un mode arbitraire, souligne-t-il. On présente quelque chose qui est extrêmement problématique, qui est le programme capitaliste de l’heure dans ce qu’il a de destructeur et d’inique, sous des apparats de neutralité.”

Au fil des pages de Politiques de l’extrême centre, introduit par des illustrations de Clément de Gaulejac, Alain Deneault explique que ce mode confus suscite “des formes d’adversité qui ont pour credo le ‘parler-vrai’”.

Un parler-vrai qui se traduit par “une politique de dérapage, de l’outrance et de la goujaterie qui tient lieu de sain contre-discours, jusqu’à ce que des candidats aux plus hautes fonctions de leur pays les relaient avec un sidérant aplomb” et usent d’une “séduction de type reptilien”. Ça vous rappelle sinistrement quelqu’un?

Dans cet essai, vous parlez beaucoup du “mais”. Un “mais” de plus en plus souvent employé pour se déclarer “de gauche, mais”, “de droite, mais”, ou, spécifiquement aux États-Unis, “libéral, mais de gauche”. Un “mais” dangereux ?
Le problème, c’est que lorsque le “mais” saute, c’est pour dire sensiblement la même chose que l’on dit avec des “mais”, sur un mode strictement affirmé. Ce n’est pas ce “mais” historique, majuscule qui consisterait à dire MAIS globalement. Cela témoigne d’une confusion qu’entretiennent les tenants de l’extrême centre qui ont tout fait pour gommer les différences pouvant se reconnaître sur l’axe gauche-droite. Pour rendre la gauche et la droite de plus en plus similaires en subsumant les discours sous des impératifs de gestion, d’administration, en présentant les mesures comme étant inévitables, réalistes, raisonnables, rationnelles. Pour rendre impossible toute dialectique. »

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Natalia Wysocka, Métro, 10 novembre 2016

Photo : Josie Desmarais/Métro

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