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9 mars 2022

Action patrimoine interpelle le maire Caron

« En cette période de pandémie et bouleversements climatiques, dinégalités, de pauvreté et de violences ahurissantes, il importe de trouver des refuges, des lieux où pourrait s’épanouir, pour le plus grand nombre possible, quelque chose comme la vie bonne. Puissions-nous protéger, animer et entretenir ces refuges de nos solidarités. »

Marie-Hélène Voyer, L’habitude des ruines

Les Ateliers St-Louis, l’ancienne école des Frères du Sacré-Cœur, qui existe depuis près de cent ans, est laissée sans chauffage et à l’abandon par la Ville depuis une douzaine d’années. À ce sujet, Action patrimoine apostrophe Guy Caron pour sauvegarder ce lieu.

Rappelons qu’Action patrimoine est un organisme national, à but non lucratif, qui œuvre depuis 1975 à protéger, à mettre en valeur et à faire connaître le patrimoine bâti et les paysages culturels du Québec. L’organisme croit fermement que ceux-ci contribuent à l’identité collective et participent à la qualité de vie des citoyens. Une mission trop souvent étrangère aux Chambres de commerce qui n’évaluent la valeur que selon les profits à encaisser.

L’organisme a pris connaissance des conclusions principales des carnets de santé des Ateliers Saint-Louis et à la lumière de ces informations, qui confirment que le bâtiment peut être réhabilité, il interpelle le maire Caron pour lui demander d’assurer sa préservation. « En tant que propriétaire de l’édifice, vous avez un rôle primordial à jouer. », affirme Action patrimoine.

Les carnets de santé de la bâtisse soulignent que plusieurs composantes de la structure sont toujours en bon état. Ils montrent également que de nombreux usages peuvent être considérés dans un éventuel projet de réhabilitation. Il s’agit d’observations encourageantes qui permettent d’envisager de nouvelles fonctions pour l’édifice.

« Par ailleurs, nous tenons à souligner que le patrimoine constitue un important facteur dattractivité pour nos cœurs de villes et de villages. En ce sens, la mise en valeur des Ateliers Saint-Louis sinscrit parfaitement dans votre stratégie de revitalisation du centre-ville de Rimouski. », écrit l’organisme national.

De 1980 à 2005, l’édifice a servi de centre communautaire. J’en garde un très bon souvenir. Au secondaire, alors curieux et néophyte, je m’étais inscrit à des cours du soir sur le cinéma. Maintenant pour moi, les Ateliers St-Louis, ça demeure Stanley Kubrick, Chaplin, Georges Méliès et autres magiciens de l’image. Ce centre communautaire a été une porte des étoiles vers l’envers du décor du 7e art qui par la suite m’a donné le goût d’assister aux projections de Cinéma 4 et de Paraloeil : les vases communicants de mon imaginaire artistique.

Ce débat sur la survie des Ateliers m’a donné le goût de me replonger dans le livre L’habitude des ruines de Marie-Hélène Voyer. Dans le chapitre « Rimouski, ville de l’oubli », l’autrice nous rappelle avec une ironie mordante les propos de l’ancien maire Marc Parent qui disait : « Absolument rien à l’intérieur des Ateliers St-Louis, à part la pierre qui se trouve à la base, n’est récupérable. Il y a de l’amiante, des infiltrations d’eau, la majeur partie de la façade tout le tour des Ateliers est en brique friable et ne peut pas être réutilisée. Donc, si on veut avoir un bâtiment semblable aux Ateliers St-Louis, ça devra être une réplique construite avec des matériaux de 2019, un peu comme on retrouve une réplique de la tour Eiffel à Las Vegas. »1 Voilà une déclaration qui se révèle être aussi fausse que saugrenue, dite par un ancien maire qui nous aura acheté la plus grosse chaise Adirondack du Québec pour célébrer les 325 ans de Rimouski. Une chaise comme on en trouve un peu partout aux USA, car à défaut d’avoir de la mémoire et des rêves, on les importe d’ailleurs. Je paraphrase Voyer.

Pour revenir aux Ateliers St-Louis, Action patrimoine presse le maire Guy Caron : « Il importe dagir le plus rapidement possible pour éviter que le bâtiment ne se dégrade davantage. Cest pourquoi il est essentiel de prendre toutes les mesures nécessaires afin dassurer un entretien adéquat de l’édifice dès maintenant. »

Je citais Marie-Hélène Voyer en début de texte écrivant « qu’il importe de trouver des refuges, des lieux où pourrait s’épanouir, pour le plus grand nombre possible, quelque chose comme la vie bonne. » À Rimouski, ce n’est pas le talent qui manque ni les gens proactifs ni les idées ni les envies de proposer et de faire de nouvelles choses en partage, ce qu’il manque cruellement, ce sont des lieux accessibles à tous : des refuges de nos solidarités. Mais ils ne pousseront pas tous seuls, ça prend de la volonté politique et une philosophie du territoire.

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