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4 février 2021

Un pédiatre dénonce le colonialisme médical canadien

Le pédiatre-urgentiste Samir Shaheen-Hussain, de l’Hôpital de Montréal pour enfants, était aux premières loges de la campagne Tiens ma main, qui s’est tenue en 2018. Elle réclamait l’abandon d’une pratique qui consistait à refuser l’embarquement aux parents des enfants qui devaient être transportés par avion-ambulance pour obtenir des soins médicaux. Pendant plusieurs années, de nombreux enfants, surtout autochtones, ont été transportés seuls pour être soignés à Montréal. Maintenant que cette pratique a été abolie par le gouvernement, le Dr Shaheen-Hussain revient sur le colonialisme médical qui, selon lui, l’a inspirée, dans son livre Plus aucun enfant autochtone arraché : pour en finir avec le colonialisme médical canadien.

Deux événements ont particulièrement choqué Samir Shaheen-Hussain. D’abord, il y a eu les propos de Gaétan Barrette, alors ministre de la Santé, qui avait affirmé que, malgré l’abandon de la pratique décriée, des parents pourraient quand même se faire refuser l’accès à l’avion-ambulance transportant leur enfant s’ils sont en état d’ébriété. Des communautés autochtones avaient demandé la démission du ministre, mais il était resté en poste. Pour moi, c’était vraiment parlant qu’un ministre de la Santé, lui-même médecin, puisse émettre ces propos en toute impunité, affirme Samir Shaheen-Hussain.

Ensuite, il y a eu le refus catégorique de François Legault, aujourd’hui premier ministre du Québec, de reconnaître l’existence du racisme systémique dans la province. Pour le pédiatre, le fait qu’on a refusé, pendant des décennies, que des enfants autochtones malades soient accompagnés par leurs parents est une preuve irréfutable que le racisme est institutionnalisé au Québec.

C’est en méditant sur ces événements que Samir Shaheen-Hussain a élaboré le concept de colonialisme médical, qu’il définit ainsi : C’est une culture ou une idéologie enracinée dans un racisme antiautochtone systémique et faisant appel à des politiques et à des pratiques médicales pour établir, maintenir ou faire avancer un projet colonial génocidaire.

Dans son livre, il rapporte que plusieurs de ses collègues qui ont vu des enfants être arrachés des bras de leurs parents pour être soignés étaient révoltés par cette pratique, mais qu’ils continuaient malgré tout de se plier aux ordres.

Le pédiatre démontre également dans son ouvrage que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la médecine est loin d’être neutre. Il rappelle que ce sont des médecins qui, à une certaine époque, ont catégorisé les humains en races selon des critères morphologiques.

Le 15-18, Radio-Canada, 4 février 2021

Photo:  Radio-Canada / Jean-François Deschênes. Pendant des décennies, les enfants autochtones évacués par avion-ambulance n’ont pas pu être accompagnés par leurs parents.

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