Description
Le sionisme, dans ses différentes déclinaisons, est et a toujours été une idéologie coloniale dont on constate aujourd’hui les conséquences effroyables. Ce n’est pas dans la tradition rabbinique mais bien au cœur de la modernité européenne que le sionisme plonge ses racines. Dans l’Occident chrétien, on considérait les diverses communautés de religion juive comme un peuple en exil, originaire d’une terre mythique à la géographie indéterminée. Jusqu’à l’ère moderne, la relation à ce lieu est restée pour les Juifs essentiellement symbolique, voire mystique. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle qu’elle cherchera à s’ancrer dans une réalité géographique et politique, sous l’impulsion de ce qu’on appelle le «sionisme chrétien». Une forme de messianisme se combine alors au projet de colonisation de la Palestine et d’expansion de l’Empire britannique.
Répondant aux attentes du sionisme chrétien, le sionisme politique de Theodor Herzl et de ses successeurs s’inscrit au confluent de plusieurs courants d’idées très présents en Europe entre le XIXe et le XXe siècle: les nationalismes, les utopies coloniales et l’orientalisme. L’unité de la nation se fait autour d’un récit qui transforme la Bible en livre historique fiable et nie le passé de la terre sur lequel il est censé se dérouler. Toutes les manipulations politiques deviennent alors possibles.