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Détail de la couverture du titre «Rue Duplessis».
1 juin 2024

«Révéler ma petite histoire pour mettre en lumière une plus grande histoire»

Lorsqu’il a écrit son roman autobiographique Rue Duplessis, ma petite noirceur, le Drummondvillois d’origine Jean-Philippe Pleau ne s’attendait pas à ce que son histoire résonne autant. Grâce à son récit, plusieurs ont enfin pu mettre des mots sur leur réalité de transfuges de classe sociale

 

C’était la première fois que le sociologue et auteur revenait à Drummondville depuis la parution de son livre le 4 avril dernier. Rencontré dans un café par un samedi matin ensoleillé, Jean-Philippe Pleau a partagé à quel point sa vie a changé en l’espace de quelques semaines.

Depuis la publication du livre, il a enchaîné les entrevues avec différents médias et a notamment été invité à l’émission Tout le monde en parle le 14 avril. En seulement quatre jours, les 3 000 copies disponibles ont trouvé preneurs. Le livre a été réimprimé à 24 000 copies au moment de publier.

L’objectif de l’auteur était simple : il souhaitait faire la paix avec son passé. Ayant grandi avec des parents peu scolarisés, il a été de la première génération de sa famille qui a poursuivi des études universitaires. Au fil du temps, il s’est éloigné du monde dans lequel il a grandi pour se rapprocher d’un milieu différent en tous points.

«Rapidement, mon intention est passée de personnelle à collective. J’ai eu envie d’écrire avec un «Je» social et tendre une main vers l’autre. Je ne suis pas le seul à avoir vécu un parcours de transfuge de classe depuis une quarantaine d’années. Modestement, c’était de révéler ma petite histoire pour mettre en lumière une plus grande histoire qui se vit au Québec. Depuis la sortie du livre, je ne cesse pas de recevoir des messages de gens qui se reconnaissent dans ce récit», raconte celui qui détient un baccalauréat et une maîtrise en sociologie de l’Université Laval.

L’impact qu’a eu son récit auprès du grand public a surpris Jean-Philippe Pleau. Il a craint d’être jugé pour une histoire tirée de ses tripes et qu’on dise qu’il a joué à la victime. «Dès les premières entrevues que j’ai données, je me suis dit «OK, je pense que les gens se reconnaissent là-dedans». Je suis seulement parti de mon coeur. Je n’ai pas cherché de recette. Si je voulais le reproduire, je n’y arriverais probablement pas», estime l’homme de 47 ans.

Le concept de transfuge de classe ayant été rarement abordé en littérature au Québec, de nombreux lecteurs ont mentionné s’y reconnaître enfin.

Ses origines

Vivant maintenant dans la région de Montréal, Jean-Philippe Pleau avait quelque peu laissé sa vie drummondvilloise derrière lui. Mis à part les visites chez ses parents, il a gardé peu de contacts avec sa terre natale. La région lui rappelle la solitude, la peur et l’intimidation qu’il a vécues dans sa jeunesse.

«J’avais voulu fuir cette intimidation par le biais des bibliothèques. À l’époque, je trouvais ça triste de me retrouver seul à la bibliothèque, mais c’est là que j’ai découvert les livres. Ce que je trouvais difficile avant est devenu un mode de vie dans lequel je suis bien. La solitude que je subissais à l’époque, je la choisis aujourd’hui et elle me fait du bien», indique-t-il.

L’auteur est revenu en ville plusieurs fois durant son processus d’écriture, entre 2018 et 2023. Il voulait, entre autres, retrouver sa mémoire des lieux. Aujourd’hui, en revisitant la ville, il découvre une beauté nouvelle qu’il ne voyait pas auparavant.


Louis-Philippe Samson, L’Express Magazine, juin 2024.

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