Au-delà des sphères et des classes, il y a l’amour
Ce drôle de sentiment d’être entre deux chaises, de ne pas appartenir à l’endroit où l’on souhaite se rendre tout en étant déjà trop loin pour revenir sur ses pas. Jean-Philippe Pleau nous montre son parcours migratoire de transfuge de classe en ciblant soigneusement des moments phares pour faire le récit des multiples violences qui ont meublé sa vie. Inspiré des textes de Caroline Dawson, de Didier Eribon, d’Annie Ernaux et d’Édouard Louis, ce roman (mettons) est aussi le lieu d’une réconciliation avec la honte de l’héritage culturel de départ, des mots inventés par un père analphabète en passant par les vieilles amitiés qui persistent même si le clivage social est palpable : au-delà des sphères et des classes, il y a l’amour. Pleau navigue entre la plume du conteur et celle de l’essayiste sociologue comme pour réfléchir à voix haute sur sa vie qui est en fait celle de plusieurs autres à qui il tend ses mots.
Marc-Étienne Brien, Les Libraires, 1er mai 2024.
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