Voir, 19 août 2010
Comme le reste du monde, Coco Fusco a été secouée par les images des sévices infligés à la prison d’Abou Ghraïb par des femmes-soldats de l’armée américaine qui usaient de harcèlement sexuel dans leurs interrogatoires. Se questionnant sur les enjeux éthiques soulevés par les événements, cette artiste de performance et professeure à l’Université Columbia a imaginé un cynique Petit Manuel de torture à l’usage des femmes-soldats qu’elle fait précéder d’une longue lettre adressée à Virginia Woolf, figure emblématique du féminisme anglo-saxon. Moins préoccupée par les exécutantes surmédiatisées (telle Lynndie England) que par la conception en haut lieu de ces actes de torture où elle perçoit «une instrumentalisation par l’État de l’identité sexuelle», la réflexion de Fusco se donne à lire comme un nouvel état de la pensée féministe que l’on parcourt avec un puissant intérêt.
Éric Paquin, Voir, 19 août 2010
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