Brèves – Victor Serge
J’aime bien Lux éditeur. Iconoclaste, un brin marginal mais sans jamais tomber dans le cliché, cette petite maison d’édition publie souvent des documents fort intéressants qui n’auraient jamais attiré l’attention des grandes maisons d’édition aux lignes éditoriales un peu strictes. C’est ainsi que leur catalogue compte des titres comme : Petit cours d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon, Les folles vies de La Joute de Riopelle de Jacques Keable et Propaganda de Edward Bernays. Et puisque marginal ne rime pas avec petite diffusion, il est à souligner que l’excellente biographie de Pierre Bourgault écrite par l’historien et politologue Jean-François Nadeau a été un succès en librairie.
Lux vient de publier un livre qui risque d’intéresser l’amateur de techniques de répression et de contrôle étatique. En Russie, sous le régime tsariste (1721-1917), une police secrète baptisée Okhrana fut mise sur pied afin d’assurer le maintient de l’autocratie russe et de saboter les chances de succès des cellules révolutionnaires d’alors. Au lendemain de la révolution russe de 1917, les archives gardées secrètes de cette organisation tombèrent entre les mains des insurgés.
Le révolutionnaire et écrivain Victor Serge (1890 – 1947), de son vrai nom Viktor Lvovitch Kibaltchiche, a minutieusement lu ces centaines de rapports de police et en a tiré une sorte de guide pratique des méthodes de répression policière, qui sera publié pour la première fois en 1925.
Le communiqué de presse conclut par : «Si les technologies répressives se sont depuis considérablement modernisées, les grands principes de leur fonctionnement, dévoilés ici, demeurent toujours d’actualité à l’âge de la surveillance électronique.»
Manouane Beauchamp, Le lecteur,
10 février 2010
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