Dans un contexte mondial où l’extrême droite gagne du terrain, Mark Fortier publie Journal de conversion, une satire mordante et désabusée. Ancré à gauche mais épuisé par les défaites idéologiques, l’auteur imagine ce qu’il adviendrait s’il cédait, s’il choisissait de rejoindre les rangs des nouveaux maîtres.

Ce récit faussement autobiographique ne cherche pas à convaincre, mais à dénoncer. Derrière l’ironie et l’humour noir, Fortier s’en prend autant aux figures autoritaires qu’à celles et ceux qui, par indifférence ou cynisme, ont laissé la démocratie vaciller. En se façonnant une conscience d’adepte de la droite radicale, il met en lumière la logique perverse du repli identitaire et la déliquescence des institutions.

À travers cette «thérapie» littéraire aussi absurde qu’effrayante, Fortier dresse le portrait d’une époque où l’abandon des valeurs collectives semble plus séduisant que la résistance. Mais le cynisme ne triomphe pas: la conversion échoue. Et avec elle, renaît une forme de lucidité – fragile, mais tenace.

Énergies syndicales, n^o 243, juillet-août 2025.