Cet ouvrage est le fruit de seize contributeur•trices toutes et tous issu·es du monde anglo-saxon, sous la direction de Gwenola Ricordeau, sociologue d’origine française. L’ouvrage établit des ponts entre les phénomènes observés de part et d’autre de l’Atlantique et invoque les passés coloniaux respectifs des deux continents pour éclairer la place et la fonction qu’occupe aujourd’hui la police sur les deux continents. Le propos se veut radical et décline, au travers de trois chapitres, des arguments en faveur de l’abolitionnisme. Premièrement, l’ouvrage préconise de sortir du «régime ordinaire de la critique de la police». La dénonciation répétée de la violence de la police n’aurait en effet pour toute portée que de participer au maintien même de celle-ci. Ce discours nourrirait l’idée fausse selon laquelle la police est perfectible alors qu’elle applique les principes capitalistes, racistes et patriarcaux selon lesquels elle a précisément été instituée. Deuxièmement, l’ouvrage entend examiner les stratégies visant à construire l’abolitionnisme et se départir d’un réformisme contre-productif. La création de liens communautaires permettant de se passer de la police ou encore le dé-financement de la police en vue de réallouer ses budgets à d’autres secteurs (santé, enseignement, environnement…) sont ainsi cités en exemple. La démonstration se conclut sur un dernier chapitre qui entend situer les forces et les limites de différentes initiatives militantes luttant contre la police parmi un nombre croissant de projets ayant émergé notamment ces deux dernières années en Amérique du Nord, suite à la mort de George Floyd. Un ouvrage qui entrouvre une réflexion salutaire suite aux pratiques troublantes et aux drames perpétrés ces derniers temps en Belgique (et ailleurs) par une police qui semble toujours davantage au-dessus des lois.