«Une lecture qui en dit long sur le malaise entourant la chose politique et ses scléroses»
Le passage en politique de Catherine Dorion n’a rien eu d’un long fleuve tranquille, c’est le moins qu’on puisse dire. Relatant son expérience d’un monde où l’audace et la spontanéité sont habituellement gommées autant que faire se peut, ces carnets témoignent avec panache et sensibilité de l’intégrité d’une femme qui a souvent payé le prix fort pour la conserver. Le portrait bien évidemment très personnel qu’elle dresse de sa propre expérience de la réalité politique québécoise n’a toutefois rien d’une revanche, d’un brûlot, d’un règlement de comptes ou même d’un cri de détresse, comme on a pu nous le bassiner un peu partout depuis sa parution. On y lira plutôt le récit honnête, lucide, fiévreux certes – mais n’est-ce pas là une qualité? – et résolument quoique surprenamment optimiste d’un engagement dont la franchise de l’élan a malheureusement fini par s’émousser à force de ne que trop rarement pouvoir s’épanouir. Au diable celles et ceux qui condamneraient le livre (et la femme!) sur la base des premiers échos médiatiques à son propos, particulièrement quand lesdits échos proviennent de lieux ayant quelque chose à protéger, comme un système ou des réputations, par exemple. Une lecture qui en dit long sur le malaise entourant la chose politique et ses scléroses.
Philippe Fortin, Les Libraires, 1er décembre 2023.