Un intellectuel en avance sur son temps
Je n’ai pas cherché à connaître Arthur Buies d’après la caricature qu’on en faisait dans ce sempiternel téléroman « Les Belles Histoires des pays d’en haut » de Claude-Henri Grignon. Ce qui m’a amené à m’intéresser à cette importante figure intellectuelle du dix-neuvième siècle c’est plutôt, étrangement, que l’un de mes bons vieux amis demeurait sur la rue Arthur-Buies à Gatineau. Arthur Buies était un intellectuel en avance sur son temps, d’un progressisme fort surprenant pour son époque. C’est ce que vous découvrirez en lisant ses « Lettres sur le Canada », au nombre de trois, écrites en 1864 et 1867. Les propos qu’y tient Buies sont éloquents sur ce que nous sommes devenus après la Conquête et sur ce que nous avons longtemps été par la suite. Elles sont intéressantes à lire et valent la peine de l’être.
Extrait :
Il y a des pays où l’ordre règne par la tyrannie des baïonnettes ; il y en a d’autres où la paix s’étend comme un vaste linceul sur les intelligences. Ici, point de révolte de la conscience ou de l’esprit brutalement subjugué ; point de tentative d’émancipation, parce qu’il n’y a ni persécution, ni despotisme visible. Les hommes naissent, vivent, meurent, inconscients de ce qui les entoure, heureux de leur repos, incrédules ou rebelles à toute idée nouvelle qui vient frapper leur somnolence. Dans ces pays, le bonheur pèse sur les populations comme la lourde atmosphère des jours chauds qui endort toute la nature. Ce calme est plus effrayant que les échafauds où ruisselle le sang des patriotes, car il n’est pas d’état plus affreux que d’ignorer le mal dont on est atteint, et, par suite, de n’en pas chercher le remède.
Bruno Marquis, Presse-toi à gauche, 25 novembre 2024.
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