Un essai sur la liberté d’expression récompensé
Le livre Les brutes et la punaise, qui explore les enjeux de la liberté d’expression à travers les radios de Québec, a remporté le Prix des libraires du Québec 2020 dans la catégorie Essai québécois.
«Pour moi, c’était un phénomène de sociologie des médias qui était particulièrement intéressant à examiner parce que c’est un type de radio qui n’existe pas ailleurs au Québec et qui, à ma connaissance, n’existe pas ailleurs dans le monde francophone», a soutenu d’emblée Dominique Payette, professeure de communication de l’Université Laval et auteure du livre Les brutes et la punaise.
L’essayiste cherche ici à décortiquer ce phénomène médiatique particulier à la Capitale-Nationale que représentent les radios d’opinion. Leurs conséquences sociales et politiques seraient plus grandes qu’il n’y paraît, selon la sociologue et spécialiste des médias.
«Quand on est à l’extérieur de Québec, on a tendance à voir ça comme un phénomène mineur, ou comique, et ce que je voulais essayer de dire, c’est que c’est un phénomène politique très important», a-t-elle expliqué.
Dominique Payette cite notamment en exemple les clivages sociaux que peut exacerber ce genre de radio, ainsi que l’importance que peut prendre le climatoscepticisme au sein de la population de la ville de Québec.
«La ligne éditoriale de ces radios est climatosceptique, a poursuivi la sociologue. Mais ce qui est intéressant, c’est que, lorsque l’on compare Montréal et Québec, on voit qu’il y a deux fois plus de climatosceptiques dans la région de Québec que dans la région de Montréal. Alors, qu’est-ce qui peut influencer ça à part les radios? Je ne vois pas trop.»
Coronavirus et médias
La crise de la COVID-19, si elle met sur pause la société dans son ensemble, entraîne également des conséquences sur le monde médiatique qui en rend compte, notamment sur le plan de l’importance accordée aux faits et à l’expertise, selon la professeure.
«L’expertise, on avait tendance à la mettre de côté au profit du simple témoignage, alors que là, on se retrouve à avoir besoin des experts pour comprendre le monde qui nous entoure, a soutenu Dominique Payette. Les opinions n’ont plus tellement d’importance. Ce que « monsieur-machin » ou « madame-truc » en pense, si ce n’est pas appuyé sur des faits ou sur une expertise, ça a perdu beaucoup de son intérêt. C’est un virage à 180 degrés en quelques semaines.»
Gabroel Beauchemin, 24 heures, 18 mai 2020
Lisez l’original ici.