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Détail de la couverture du livre «1312 raisons d'abolir la police».
1 février 2023

Tout le monde déteste la police

Cet ouvrage collectif au titre prometteur : 1312 raisons d’abolir la police, dirigé par Gwénola Ricordeau, est un regard croisé d’autochtones du Canada, de travailleuses du sexe, de travailleurs sociaux, de militants associatifs, de professeurs et de chercheurs en sciences sociales. Suite à un constat partagé, ces différents acteurs argumentent afin d’engager un mouvement abolitionniste de la police qu’ils considèrent comme « iatrogène », dit autrement « la police crée le crime ». Ils entendent d’ailleurs police au sens large en englobant toutes les formes publiques ou privées de maintien de l’ordre et des privilèges: flics, vigiles, contrôleurs et autres matons. Leur constat est sans appel, la police au sens large [entendre toutes les instances de répression] est structurellement raciste, patriarcale, violente et agit bien souvent en toute impunité, il faut donc s’en débarrasser. En bref, une seule solution : l’abolition!

De plus les polices ont un coût (coup) « phénoménal » qui contribue à l’extension de « l’état pénal aux dépends de l’état social ». Elles furent d’ailleurs consubstantielles au développement du capitalisme et de fait de même nature, à savoir « parasitaire » pour la vie en société. L’objectif de l’ouvrage est donc sans ambiguïté : « en finir avec cette nuisance qu’est la police». Ainsi tout réformisme de la police est illusoire compte tenu de son rôle incontournable dans la défense et le maintien du système de domination des capitalistes et des États.

Les différentes contributions qui constituent l’ouvrage sont des témoignages portés par les militant-e-s abolitionnistes aux USA et au Canada mais qui ont toutes leur portée et leur réalité dans l’hexagone. Le projet abolitionniste implique en effet de repenser toute la société et donc de s’attaquer à toutes les inégalités et aux idéologies qui légitiment l’emploi de la force au profit des dominants.

Les deux dernières parties « construire l’abolition » et « lutter contre la police » ouvrent quelques pistes de réflexion et d’action pour asseoir le mouvement abolitionniste. Mais, et c’est essentiel, « il ne peut y avoir une abolition de la police [condition sine qua non] sans abolition de la propriété privée et de la société de classes qui résulte du capitalisme […], et parce que vivre libre, c’est vivre sans police. »

Pourquoi 1312? Sans doute pour un nombre infini de bonnes raisons de le faire.

Hugues, Le Monde libertaire, no 1847, février 2023.

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