Tisser des liens à la manière de Catherine Dorion
Mercredi dernier, le 27 mars, c’est dans la bonne humeur et des airs de révolution qu’a eu lieu une première conférence de Catherine Dorion à l’Université de Sherbrooke. À l’ordre du jour, des discussions animées sur divers sujets telles que le féminisme, le tissu social et les institutions politiques.
Le passage de Catherine dans Sherbrooke n’est pas passé inaperçu. En effet, juste dans la journée du 27 mars, la conférencière se retrouvait d’abord à l’Université auprès des personnes étudiantes et par la suite à la Librairie Appalaches. Dans les deux évènements, le monde ne manquait pas.
C’est dans la bonne humeur, mais avec une touche d’amertume, qu’a lieu la première conférence. La lutte pour la rémunération des stages est difficile et entendre parler du cynisme institutionnel de Catherine ne donne pas confiance pour l’avenir.
Toutefois, la militante aguerrie qu’est Catherine Dorion donne un second souffle à la lutte. Selon elle, juste le fait de militer, de créer un tissu social plus serré que jamais est une victoire en soi. Parce qu’il faut se le dire, il n’y a rien de mieux qu’un moment de militantisme pour créer de vrais liens.
Tisser des liens forts est la solution à bien des problèmes, selon l’écrivaine. Les liens permettent, d’une part, de diminuer sa dépendance envers l’engrenage capitaliste et d’autre part, de ramener la politique locale.
Pour expliquer tous les liens, la conférencière donne l’exemple du déménagement. Si tu n’as pas de liens et que tu déménages, il y a de fortes chances que tu doives débourser un montant pour y arriver. Alors que si tes liens sont forts, le déménagement peut se transformer en activité presque plaisante.
Les liens dans l’exemple du déménagement permettent non seulement de ne pas dépendre de son argent, mais en plus ils créent un moment, une possibilité de parler. Selon Catherine, tout est politique et donc simplement de se regrouper et de parler agit à titre de révolution des politiques sociales.
Tout au long de la conférence, le sujet de la dominance, du pouvoir sur un ou des autres est revenu. Que ce soit dans son narratif de l’histoire qu’elle a vécue à Québec solidaire, ou dans les historiques militants. C’est, selon elle, la menace numéro un qu’il faut éradiquer au sein de notre société.
Bien sûr, en étant en plein dans une grève pour la rémunération des stages visant les emplois à forte majorité féminine, le sujet du féminisme est ressorti. D’ailleurs, c’est à ce moment que la discussion sur la charge mentale dans les milieux militants est apparue ainsi que le sujet des têtes brûlées.
Selon Catherine, rares sont les occasions où il est possible de voir une réelle charge mentale partagée entre les hommes et les femmes. Sa solution, être une tête brûlée. Ça consiste plus précisément à être une personne qui dit tout ce qu’elle pense et qui ne se complait pas.
Xavier Bernard, Le Collectif, 7 avril 2024.
Lisez l’original ici.