Témoignage chrétien, 27 janvier 2011
Livre référence:
Paroles vagabondes
« Paroles Vagabondes » – Cap au sud
Les historiettes d’Eduardo Galeano rendent compte de la fraîcheur de l’imaginaire des peuples d’Amérique latine.
d’Eduardi Galeano Ed. Lux, gravures de José Francisco Borges, traduit de l’espagnol (Uruguay) par Lolita Chaput
Au Brésil, en Argentine, au Chili, en Bolivie, au Pérou… les hommes, les femmes et les enfants aiment les histoires racontées à voix haute. On désigne souvent ce continent tissé de rêves, de fables et de légendes sous le nom d’Amérique latine. Du côté de Rio et São Paulo, les gens préfèrent cependant entendre Amérique du Sud. À la fois pour que leur lusophonie soit prise en compte, mais aussi pour oublier la férocité des colons venus des rives latines et revendiquer avec fierté la jeunesse du Sud.
Cap au Sud, donc, dans les pas d’Eduardo Galeano, journaliste, essayiste, historien et conteur né à Montevideo en 1940, l’un des principaux témoins des luttes pour l’émancipation entre Santiago et Caracas dans la deuxième moitié du XXe siècle.
Oublié le talon de fer des dictatures militaires, il publie un recueil d’historiettes composé de 56 « fenêtres » ouvertes sur un monde où il est question de baleines qui chantent, d’une Vierge qui ressuscite les noyés, d’un père qui désire sa fille, d’un dauphin piégé par Satan, d’un crapaud à plumes, d’un lézard qui dévore les femmes, de jeunes filles à marier qui mangent des œufs très salés avant de se coucher – lisez Paroles Vagabondes, vous apprendrez pourquoi.
Pour ceux qui en doutaient, ce livre est la preuve de la survivance d’une authentique culture populaire dans des pays que le capitalisme a pourtant saignés après leur avoir « ouvert les veines », ainsi qu’Eduardo Galeano l’a jadis raconté dans son plus célèbre livre de combat, Les veines ouvertes de l’Amérique latine.
Par Sébastien Lapaque, Témoignage chrétien,27 janvier 2011