
Sombre bilan
17 février 2022, la France annonce le retrait de ses troupes au Mali suivi de peu de celles au Burkina Faso et au Niger. Un «redéploiement tactique» ou une mise à la porte? En tout cas, ces départs mettent un terme quasi définitif à une série d’opérations lancées dix ans plus tôt. Serval, Sabre et Barkhane, ces trois déploiements d’ampleur visaient à «faire la guerre au terrorisme». Dans une enquête très bien documentée, Raphaël Granvaud dissèque l’ambiguïté des mobiles de l’armée française. Derrière un «sauvetage» qui ne bénéficie en rein aux populations du Sahel, la France entendait sécuriser ses intérêts économiques et assurer un contrôle migratoire. Plus encore, l’armée française cherche, et ce depuis la fin de l’Empire, à rester aux yeux du monde une puissance militaire qui compte. Un positionnement néo-colonial dans une région qu’elle continue de considérer comme son pré carré. Ingérences, bavures, désinformation et paternalisme, tous les outils sont déployés par le «chevalier blanc» de la démocratie en Afrique. Chasser l’armée française devient dès lors une source de popularité pour les putschistes de tout poil. Et les groupes djihadistes du Sahel prospèrent plus que jamais. Plutôt que d’en finir avec la «repentance» comme le réclament les réac’, faisons tomber cette ignoble politique coloniale!
L’Empaillé, no 16, hiver 2025.