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24 janvier 2016

Sciences humaines, n°226, mai 2011

Livre référence:
Mémoires d’un esclave
Mémoires d’un esclave
Xavier de la Vega

Parmi les nombreuses raisons que l’on a de se plonger dans ces Mémoires d’un esclave, la moindre n’est pas que l’on y fait la connaissance d’un personnage proprement extraordinaire. Frederick Douglass (1818-1895), l’auteur de ces mémoires, est né esclave dans le Maryland, avant de devenir, après son évasion, un abolitionniste de premier plan, ainsi qu’un homme de presse, philosophe, haut fonctionnaire et diplomate américain. En ce milieu de XIXe siècle, les récits autobiographiques d’anciens esclaves étaient un genre en vogue dans les États du nord de l’Union. Si F. Douglass décide de se prêter lui aussi à cet exercice à l’âge de 27 ans, alors qu’il était déjà un abolitionniste en vue, c’est notamment pour répondre à ceux qui mettaient en doute son origine. Comment un jeune homme aussi éloquent, qui savait si bien manier la rhétorique, pouvait-il être né esclave ? Le jeune Frederick Bayley, comme il s’appelait alors, possédait sans doute bien des prédispositions, mais il a surtout eu une chance, celle d’être mis au service d’une maîtresse trop novice pour savoir qu’il ne fallait jamais apprendre à lire à un esclave si l’on voulait s’éviter des ennuis. Ces quelques leçons, rapidement interrompues, n’auraient sans doute pas eu le même effet sans la soif de connaissance, le courage et la vitalité du jeune Noir, mais elles furent le point de départ de son émancipation. Pouvant désormais mettre des mots sur les questions, cette injustice incompréhensible, qui le taraudaient, il n’aurait désormais plus qu’un seul objectif en tête : la liberté. Le récit de F. Douglass est tendu par ce désir irréductible, plus fort que la peur d’échouer et de mourir. C’est ce qui en fait un récit universel, qui trouve écho dans toutes les révoltes de l’histoire, de Spartacus aux insurgés de la place Tahir. Mais ces Mémoires d’un esclave sont portés aussi par la rhétorique impeccable d’un auteur qui, au fil des descriptions de la barbarie de l’esclavage, montre avec acuité toutes les contradictions que cette « institution particulière » entretient tant avec les valeurs chrétiennes qu’avec les fondements du pacte politique américain.

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