Suis-je la seule à avoir vraiment lu le livre de Catherine Dorion ?

Dans les pages du journal Le Soleil, la chroniqueuse Hélène Buzzetti compare sans ironie Catherine Dorion au chef du parti conservateur Pierre Poilievre. « Même combat », affirme-t-elle. Catherine propose un monde diamétralement opposé à celui du chef d’un parti misogyne. À quel point faut-il décrédibiliser une femme jusqu’à l’invisibiliser derrière un homme incarnant la violence patriarcale ?

À une émission de radio du midi à Radio-Canada, j’entends Marie-Louise Arsenault qui commente très négativement le livre, avouant être partiale, car elle s’y fait critiquer ; Jean-Sébastien Girard qui n’aime pas le livre non plus, car il est, dit-il, un ami proche de Gabriel (GND) ; Jean-Philippe Wauthier qui, quant à lui, ne comprend tout simplement pas le message du bouquin, il aurait aimé un « manuel d’instruction ». Mauvaise foi, dites-vous ?

En soirée, j’écoute un panel à la télé de Radio-Canada à propos de Catherine Dorion. Des mordus de politique donnent leur point de vue sur le livre qu’ils n’ont pas lu. Dans mon écran, quatre ex-politiciens et politiciennes de droite se moquent méchamment et de manière décomplexée de M^me Dorion, la faisant passer pour une égocentrique, alors que son livre et sa vie nous prouvent le contraire. Cette rayonnante Catherine est visiblement rassembleuse, contagieuse, une fille de gang, une leader inspirante, une femme magnifiquement dangereuse : c’est une féministe de race kamikaze.

Pourquoi transformer Catherine Dorion en une grande brèche où poussent toutes les monstruosités du monde ?

Dans la même semaine où Catherine Dorion a sorti son bouquin, nous avons encore une fois constaté, à travers l’actualité, la médiocrité du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, le mépris du ministre des Finances, Eric Girard, et la haine de la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau. Nous aurions pu nous dire : « Parfait, quel bon timing pour publier un livre qui dénonce justement la médiocrité, le mépris et la haine de la classe politique et médiatique envers le peuple. » Mais non. De ces quatre personnages politiques, qui a dû davantage se justifier, s’expliquer et prouver ses compétences ? Catherine Dorion, une poète et ancienne députée de QS.

Monique Côté, Le Devoir, 24 novembre 2023.

Lisez l’original ici.