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11 octobre 2016

Recension de Mater la meute

« Lesley Wood, militante altermondialiste et sociologue diplômée de l’Université de Columbia, nous offre dans son plus récent ouvrage une étude détaillée des processus qui structurent la militarisation de la police en Amérique du Nord. L’originalité de son étude tient à l’accent mis sur les interactions locales dans la diffusion de nouvelles tactiques de contrôle des foules et de nouvelles armes, qu’elle relie par ailleurs aux trames de la mondialisation et du néolibéralisme.

Il s’agit donc d’une étude microsociologique sur la façon dont s’opère cette militarisation dans le but de mieux cerner les nouveaux cadres dans lesquels se déploieront les actions militantes dans l’avenir. En effet, depuis 1995, ces changements importants dans la gestion des manifestations, notamment dans le rôle accru du contrôle préventif et dans l’utilisation de plus en plus répandue d’armes sublétales par les corps anti-émeute, transforment les possibilités de manifester.

Pour soutenir cette thèse, Wood s’intéresse particulièrement à la façon dont une innovation s’intègre dans un champ, ici celui de la police, et à la façon dont se forme l’habitus des policiers et policières, ce qui permet de mieux saisir leur vision du monde et leur perception des manifestant•e•s.

Elle se penche aussi sur le rôle des associations policières internationales et sur la place grandissante que des experts-conseils et des lobyistes y occupent pour expliquer cette tendance à la militarisation accrue de la police. Ces puissants commerciaux influencent ces organes internationaux, qui sont les premiers consultés lorsqu’un corps de police vit des difficultés au niveau local. C’est en ce sens que Wood parle de privatisation de la police.

Cette militarisation s’explique aussi par l’intégration de la police dans le secteur de la sécurité nationale et de la défense depuis les attentas du 11 septembre 2001 à New York. L’évaluation des menaces et des risques, discours typique du domaine de la sécurité, a entraîné un glissement dans la perception des actions militantes plus dérangeantes, passant d’une assimilation à la délinquance à celle de terrorisme.

Sa thèse se conclut sur l’importance de critiquer cette tendance à la militarisation dans son ensemble lorsque, au niveau local, les stratégies policières sont mises en examen. C’est la possibilité même de dissidence sociale qui est en jeu. »

Valérie Beauchamp, À bâbord !, no 66, octobre-novembre 2016

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