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24 janvier 2016

Québec Sceptique, Automne 2005

Livre référence:
Petit cours d’autodéfense intellectuelle

Petit cours d’autodéfense intellectuelle

Ce livre sera tout particulièrement utile aux sceptiques d’entre nous qui n’ont aucune formation scientifique. L’auteur, qui enseigne les fondements de l’éducation à l’UQAM, veut fournir à ses lecteurs quelques outils indispensables de pensée critique. L’ouvrage, écrit avec humour et de façon très accessible, pourra certainement intéresser un large public.

Dans le premier chapitre, Normand Baillargeon nous amène à nous méfier de certains pièges du langage, ceux que nous tendent délibérément les politiciens, groupes de pression et agences gouvernementales entre autres. Pourquoi les militants anti- [et pro] avortement se désignent-ils comme pro-vie ou pro-choix ? Parce que personne, bien sûr, se positionnerait comme anti-vie ou anti-choix! Et que penser du qualificatif « associés » donné aux employés de Wal-Mart ? Autre exemple de détournement du langage : l’emploi constant d’euphémismes par les militaires, euphémismes que l’auteur traduit en termes clairs dans un amusant petit tableau. Des pertes collatérales ? La mort de civils. Un centre de pacification ? Un camp de concentration. Opération Tempête du désert ? La guerre contre l’Irak.

L’auteur poursuit son exposé en précisant de nombreux autres pièges langagiers : les imprécisions volontaires des astrologues et autres charlatans, les messages d’exclusion ou de discrimination souvent distillés dans la langue politiquement correcte. L’art de l’ambiguïté, le jargon corporatiste qui complexifie artificiellement les choses pour masquer l’indigence de la pensée, les écrans de fumée que sont les pseudo expertises, l’art de la fourberie mentale par le recours aux paralogismes, à la fausse analogie, à la suppression de sonnées pertinentes dans un message, etc.

On s’intéressera tout particulièrement à ce que Normand Baillargeon appelle joliment le « hareng fumé », une difficile technique qui consiste à nous amener à traiter d’un autre sujet que celui qui était discuté en nous lançant sur une fausse piste, comme le faisaient jadis les prisonniers américains qui laissaient derrière eux des harengs pour distraire les chiens à leur poursuite. Cette technique, très efficace dans les débats auxquels n’est consacré qu’un temps limité, n’est pas facile à reconnaître nous avertit l’auteur, si le praticien a le talent de choisir un hareng qui a suffisamment d’intérêt en lui-même, tout en donnant l’impression d’entretenir un lien réel avec le sujet traité, dont il veut divertir. Exerçons-nous à reconnaître les harengs qu’on nous sert.

Apprendre à compter

Dans le chapitre 2, l’auteur nous invite à « compter pour ne pas s’en laisser conter ». À vérifier ces nombres frappants qu’on nous lance constamment, souvent pour la bonne cause : 2000 enfants sont morts à chaque heure pendant 10 ans à cause de l’embargo américano-britannique, déclare un jour un universitaire devant l’auteur. À l’aide d’un simple calcul, on en arrive à 17 520 000 enfants, dans un pays qui compte 20 millions d’habitants. Il y a quelque chose qui cloche !

Faisons preuve de vigilance devant les données chiffrées, nous invite Normand Baillargeon, qui donne ensuite un cours accéléré de probabilités et de statistiques à l’intention du profane. Il nous aide à mieux comprendre les données des sondages, nous rappelle que corrélation n’est pas synonyme de causalité et, dans une section particulièrement intéressante, nous amène à nous méfier des illustrations, graphiques et schémas falsifiés.

À la fin du chapitre, un encadré succinct résume les règles d’or à suivre pour vérifier notamment les sources d’information, le contexte et les aspects qualitatifs et quantitatifs des données chiffrées.

D’autres outils d’autodéfense

Dans les chapitres suivants, l’auteur traite de l’expérience personnelle, de la science empirique et expérimentale et des médias. Des chapitres tout aussi riches et intéressants qui écrivent entre autres les limites de l’expérience personnelle (caractère constructif de la perception et de la mémoire, effets du stress, difficulté à évaluer les probabilités, etc.), les fondements de la science expérimentale et les caractéristiques des pseudosciences.

L’ouvrage se termine par une énumération très pertinente des règles d’or à suivre concernant les médias et d’une liste de médias indépendants à consulter pour éviter la propagande. Le Petit cours d’autodéfense intellectuelle est un livre que tout bon sceptique devrait lire, relire et faire lire.
André Payette
Québec Sceptique, Automne 2005

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