Pourquoi le complotisme est le meilleur allié de l’ordre établi
Dans « Q comme qomplot », le mystérieux Wu Ming 1 livre l’analyse la plus éclairante, et la plus politique, des complots contemporains. A commencer par QAnon, dont l’invasion du Capitole porte la trace.
Inutile d’y aller par quatre chemins, c’est dans ce livre (« Q comme qomplot », éditions Lux) que nous avons trouvé la meilleure définition du conspirationnisme, celui qui voit dans les traces laissées par les avions dans le ciel – les fameux chemtrails – la preuve que des agences gouvernementales nous submergent à dessein de substances chimiques nocives, ou qui professe que le Covid a été créé par Bill Gates et consorts pour nous faire ingurgiter, avec les vaccins, des nanoparticules destinées à nous contrôler. Dans tout cela, l’auteur ne voit pas, comme notre tendance à pathologiser le complotisme nous y incite trop souvent, des « délires » ou des « folies », mais « des narrations de diversion se formant autour de noyaux de vérité ». D’ailleurs, aux termes habituels de « théories du complot », de « complotisme » ou de « conspirationnisme », il préfère l’expression « fantasmes de complot », et cela change tout. Parler de « fantasmes » montre bien que ces récits ne sont pas seulement « des réponses à la colère, à la frustration, à l’irritabilité face au monde tel qu’il [est] » mais « aussi au besoin d’enchantement, de merveilleux, au besoin de regarder le monde sous d’autres angles et de se sentir différents ».
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Xavier de la Porte, L’Obs, 4 septembre 2022.
Photo: Jake Angeli, membre du mouvement QAnon à Phoenix, dans l’Arizona, le 5 novembre 2020. (Efe/ABACA)