No Pasaran!
Le livre de Mark Bray, lui-même militant de Occupy Wall Street, L’antifascisme, son passé, son présent et son avenir débute par une sentence sans appel. Celle de Durruti: «On ne débat pas du fascisme, on le détruit». L’ouvrage a pour ambition d’être une histoire transnationale du fascisme d’après 1945, mais il évoque, pour mémoire, l’antifascisme des années 1920-1939 avant les prises du pouvoir d’État par les pestes «brunes», en Italie, en Allemagne, en Espagne. Bien que souvent minoritaires dans ce combat, les anarchistes furent toujours présents comme Argo Secondari qui, en 1921, créa les Arditi del popolo ou les anarchistes allemands qui, en 1929, fondèrent Schwarze Scharen (Nuées noires).
Dès 1945 et après, la Bête immonde relèvera la tête dans toute l’Europe en surfant, décolonisation oblige, non plus sur le «Juif», mais sur l’immigration. Mais c’est surtout à partir des années 1980-90 que les antifas s’organisent. Partout émergent des groupes sur le mode de ceux connus en France, comme le SCALP, REFEXes, No Pasaran! etc.; certains issus de la culture punk, d’autres pas. Il en va de même aux USA et au Canada pour lutter contre les suprémacistes blancs du KKK et autres cellules nazies. Depuis quelques années, dans toute l’Europe, le fascisme anti-immigrés et eurosceptique est passé d’un état groupusculaire à un populisme de masse, ce qui représente sans doute un danger beaucoup plus grand pour les libertés fondamentales de tout un chacun.
Aux USA, suite à l’élection de Trump, le mouvement antifa a repris de la vigueur compte tenu de la montée du racisme suprémaciste contre lequel il s’inscrit.
La seconde partie du livre, moins historique, nous rappelle toutefois que l’antifascisme est un anticapitalisme et que la tactique électoraliste est impuissante quand il s’agit de briser la montée des périls. L’auteur y développe aussi un long propos sur la question du «pour ou contre» la liberté d’expression des fascistes et la question de la violence et de la non-violence dans la lutte antifa. Quant à la place des réseaux sociaux, le livre n’y fait que de brèves allusions. On sait néanmoins que la fachosphère en est fort friande et très utilisatrice.
Un livre touffu qui fourmille de détails sur les groupes antifas et leurs actions dans la sphère occidentale, mais aussi un livre d’analyse et de réflexions sur les formes et les théorisations qui l’animent.
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Hugues, Groupe Commune de Paris, Le Monde libertaire, no 1864, septembre 2024.