Naomi Klein : «Le plus grand succès du néolibéralisme: la colonisation de nos imaginaires.»
Pour la sortie de son nouvel essai Dire non, ne suffit plus ?, Regards a rencontré la théoricienne de la stratégie du choc. Une demie heure de Midinale passionnante avec Naomi Klein.
« Trump est un étrange mélange entre la politique économique de Macron et la politique sociale de Le Pen. »
« L’idée que les gens pourront être des marques était une idée nouvelle et voilà où nous en sommes deux décennies plus tard avec ces outils extraordinaires qui nous permettent d’organiser constamment notre propre vie, nos propres expériences, nos moments les plus privés pour la consommation d’autres personnes. On produit notre propre show de téléréalité à travers les réseaux sociaux. »
Sur son livre
« J’avais l’impression que l’Histoire nous filait entre les doigts. J’ai écrit ce livre dans l’urgence parce que nous n’avons pas de temps à perdre »
« Dans le livre, je dis que l’on doit tous trouver notre Donald Trump intérieur afin de s’en débarrasser »
Sur la « marque » Trump
« La Marque Trump tourne autour du rêve, du désir de richesse, de l’idée que vous pouvez faire ce que vous voulez à qui vous voulez »
« Pour Trump, nier la réalité est l’expression ultime du pouvoir »
« Nous avons besoin d’un leader anti-Trump »
Sur la politique économique de Trump
« Trump a une vision exagérée et vulgaire du projet économique qui organise le monde »
« Le programme économique de Trump est le plus lié au monde de l’entreprise de l’Histoire ; il a ouvert les portes de l’administration à Goldman Sachs comme jamais auparavant »
« Trump a externalisé ses ministères/son administration aux entreprises les plus importantes qui bénéficient aujourd’hui de sa politique »
« Trump est vulnérable à cause de ses promesses économiques non tenues »
Sur la France
« La politique fiscale de Trump n’a pour but que d’enrichir les élites (…) ; sa politique fiscale n’est pas très différente de celle de Macron »
« Ces politiques économiques punitives affaiblissent les démocraties et des personnes comme Marine Le Pen capitalisent dessus »
Sur l’international
« Le grand enjeu sur la scène internationale, c’est qu’il [Trump] est tellement obscène, il a tellement baissé le niveau, que tout le monde à l’air bien à côté de lui (…) même Macron et Trudeau ont l’air de super héros »
« Les gens sont tellement avides d’espoir au milieu de cette époque si effrayante qu’ils transforment dangereusement des personnes comme Trudeau en Rockstar »
« Il y a une sorte de désespoir à considérer Trump comme un agent étranger comme si tout ce qu’il se passait était orchestré par Poutine »
Sur l’Accord de Paris
« Il y a quelque chose de très profond dans la relation de Trump à la vérité et à la réalité. Son climato scepticisme n’en est qu’une manifestation »
« Je ne pense pas qu’il ne croit pas au changement climatique, je crois juste qu’il s’en fiche »
Sur les fake news
« Au sein de l’administration Trump, ils organisent des concours pour faire passer le plus de mensonges dans la presse ; ils passent leur temps à fuiter des mensonges »
« Ils construisent leur propre réalité : quelle meilleure manifestation de leur puissance que ça ? »
Sur la question du « Quoi faire ? » Le Manifeste.
« Alors que la politique a été confisquée par les PDG, le marketting, etc. il est encore possible de gouverner avec des idées »
« Il y a une vraie désaffection du système mais il est possible de parler à la colère qui s’exprime, partout, par le biais d’un internationalisme qui ne dresse pas les gens les uns contre les autres sur la base de la race, de la religion ou du statut migratoire »
« On ne doit pas avoir peur de dessiner le monde et d’essayer de le construire en miniature : depuis les villages et les villes »
Sur la société de consommation
« Il faut regarder la façon dont notre propre identité a été colonisée par le système et les marques »
« L’idée que les gens pourront être des marques était une idée nouvelle et voilà où nous en sommes deux décennies plus tard avec ces outils extraordinaires qui nous permettent d’organiser constamment notre propre vie, nos propres expériences, nos moments les plus privés pour la consommation d’autres personnes. On produit notre propre show de téléréalité à travers les réseaux sociaux »
Regards, 10 novembre 2017
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