Le rabâcheur magnifique
Dans Qui mène le monde?, Noam Chomsky s’entête à dénoncer les hypocrisies des élites américaines et mondiales. Tant mieux.
Noam Chomsky, «dissident numéro un d’Amérique», comme l’intronise une légende depuis longtemps planétaire, est de retour en librairies. Paru aux Etats-Unis au lendemain de l’élection de Donald Trump, Qui mène le monde? est la mise à jour du récit que le linguiste et penseur engagé conduit toujours sur la politique étrangère américaine et des mécanismes idéologiques sourdement à l’œuvre dans les sociétés occidentales.
Ses détracteurs, parmi lesquels les nombreux pourfendeurs de sa critique inflexible d’Israël, évoquent un radoteur gravement surestimé. Ceux qui le suivent admettront qu’il se répète mais alors à la manière persévérante du philosophe. En réalité, le vieux professeur est un rabâcheur magnifique et la démonstration vivante que l’on peut durablement mettre son pouvoir et son intelligence au service d’autre chose que soi-même.
Le lire, et l’avoir lu, notamment «la Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie» (1), c’est observer la marche du monde sans les lunettes à double foyer de l’Occidental né dans un pays riche, habitué à l’eau qui sort du robinet, détenteur d’une carte de crédit – deux privilèges majeurs à l’échelle du monde. L’engagement toujours […]
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Anne Crignon, BibliObs, 19 mars 2019
Photo: Heuler Andrey / AFP