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24 janvier 2016

Le Devoir, 10 novembre 2012

Livre référence:
Tout ce que tu possèdes
Sous les images d’Émond

Avec en couverture la très belle affiche d’Yvan Adam du dernier film de Bernard Émond, ce scénario de Tout ce que tu possèdes, enrichi de réflexions du cinéaste, de Gilles McMillan, de Jean-François Nadeau, de Lucien Pelletier et de Mélissa Thériault, sert de lanterne à ceux qui veulent éclairer les arcanes de cet excellent long-métrage.

Il y a le scénario lui-même, bien sûr, fascinant à parcourir dans sa version reconstituée après le montage, mais bien davantage donc, sur photos noir et blanc (on aurait préféré en couleurs) et témoignages. Bernard Émond explique sa démarche, comme sa découverte du poète polonais Edward Stachura (1937-1979) hanté par le mal de vivre, suicidé jeune, à travers sa lecture de l’implacable Me résigner au monde, traduit en français. La trajectoire de cet écrivain maudit, en quête de l’impossible, tout en fulgurances, s’éclaire. « J’ai été bouleversé par ce récit terrible et le film a trouvé sa forme : les poèmes qui le ponctuent, bien sûr, mais aussi le thème de l’errance, l’imagerie ferroviaire et la possibilité inquiétante du suicide », écrit-il.

Gilles McMillan livre des réflexions sur le parcours croisé d’Edward Stachura et son personnage Pierre (joué par Patrick Drolet) à travers le regard du cinéaste. « Tout le travail de cinéaste de Bernard Émond, d’écrivain et d’intellectuel, repose sur ce désir d’attention, qui passe chez lui par la retenue, la gravité, la lenteur et l’écoute, notamment de ce qui ne se donne pas comme évident, actuel et séduisant. »

Jean-François Nadeau évoque le fil polonais invisible et fragile qui semble relier la Pologne au Québec, tissant des liens entre Gaston Miron (que Stachura a traduit en polonais, de même que Jacques Brault), Witold Gombrowicz, écrivain polonais majeur admiré chez nous, mais aussi Émile Nelligan, dont le plus grand exégète fut le Polonais d’origine Paul Wyczynski, et Ferron, qui trouvait en Pologne une société parente de la sienne, etc.

Lucie Pelletier, de son côté, aborde notamment la mission de traducteur que s’est donnée le héros du film. « Les personnages de traducteur se font de plus en plus nombreux dans la littérature et au cinéma, note-t-elle, signe qu’on a cessé de les tenir pour de simples instruments et qu’on a pris conscience de leur pouvoir. »

Quant à Mélissa Thériault, elle s’intéresse plus particulièrement aux thèmes du patrimoine et de la transmission, centraux dans l’œuvre d’Émond. « C’est justement en réaction à la disparition de la culture traditionnelle, qui nous laisse “ complètement désarmés devant le néolibéralisme et la post-modernité ” qu’Émond nous présente des personnages et des intrigues qui nous forcent à nous réapproprier, à l’instar de Pierre et d’Adèle, ce qui reste de notre patrimoine libéral », écrit-elle en résumant bien les intentions du cinéaste.

Odile Tremblay, Le Devoir, 10 novembre 2012

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