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19 octobre 2018

Le “capitalisme de plateforme” selon Nick Srnicek

“Google ou Facebook devraient être considérés comme des services d’utilité publique”

Les plateformes numériques siphonnent nos données et s’en servent pour constituer d’énormes monopoles. Pour limiter leur hyperpuissance sans renoncer aux avantages qu’elles procurent, le chercheur canadien Nick Srnicek suggère une prise de contrôle collective.

Aujourd’hui, beaucoup d’activités passent par des « plateformes », mais que recouvre exactement ce concept ?

Nick Srnicek : Il existe différents types de plateformes. Uber est très différent de Google, qui est très différent d’Amazon… Pour les distinguer, j’ai établi une typologie. En se demandant « d’où vient le profit ? », l’approche marxiste permet de comprendre leur comportement et leur stratégie. 

Vous distinguez quatre types de plateformes, quels sont-ils ?

Le premier type est la plateforme publicitaire : on pense à Google et à Facebook, à Instagram ou à Snapchat. Leur business model repose sur la collecte d’informations sur les utilisateurs qu’ils mettent au service des annonceurs. Le deuxième est la plateforme nuagique (cloud platform), par exemple Amazon Web Services ou Google Cloud qui louent aux usagers les logiciels et le matériel nécessaires pour gérer une entreprise. Le troisième est la plateforme de produits, qui consiste à louer un bien, mais comme un service. On pense aux sites de location de voitures, mais un exemple plus intéressant est celui de Rolls Royce : au lieu de vendre ses moteurs d’avion, il fait payer les compagnies en fonction des périodes de poussée. Enfin, il y a la plateforme allégée du genre Uber, où les frais fixes sont externalisés au maximum. Plutôt que d’avoir une flotte de voitures et de payer des salariés à plein temps, on possède juste la plateforme qui met en relation chauffeurs et passagers.

“Si vous n’aimez pas Mark Zuckerberg, vous utiliserez quand même Facebook parce que les gens que vous connaissez y sont déjà”

Ces plateformes ont en commun de créer des « effets de réseau ». Comment fonctionne ce mécanisme ?

L’économie numérique se caractérise par des effets de réseau. Si vous n’aimez pas Mark Zuckerberg et la façon dont son entreprise empiète sur la vie privée, vous utiliserez quand même Facebook parce que tous les gens que vous connaissez y sont déjà. C’est la force des effets de réseau : quand plein de gens utilisent déjà une plateforme, il devient très difficile d’aller ailleurs, ce qui la fait gagner en valeur. Chez Uber, la stratégie de croissance est fondée là-dessus : il faut qu’ils aient un maximum de chauffeurs pour être sûrs qu’on en trouve un le plus vite possible, ce qui attire plus de clients, qui attirent plus de chauffeurs, et ainsi de suite. C’est un cercle vertueux, mais qui aboutit à des situations de monopole.

En quoi les monopoles sont-ils dangereux pour la société ?

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Philonomist, 19 octobre 2018.

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