
La peur engendre l’irrationnel
Notre article se réfère évidemment à la peur universelle de Trump, président américain pourtant bien caricaturé par Jacques Goldstyn, Artiste pour la Paix 2023. Puisque l’union fait la force, nous avons joint la nôtre à la coalition canadienne CWPJN grâce à l’expérience réussie du 24 novembre de notre réunion commune anti-OTAN ([i]) et maintenant par l’envoi le 31 mars d’une déclaration et d’un questionnaire destinés à l’électorat canadien ([ii]).
Il ressort de ce questionnaire l’irrationnel des partis canadiens dont AUCUN n’a condamné la course effrénée Trudeau-Carney pour des armements offensifs, à part un mot contre les F-35 contrôlés électroniquement par les États-Unis ([iii]), dont l’achat projeté augmenterait la balance économique voulue par Trump par 19 milliards $ de leur achat effectué auprès de Lockheed Martin et les dizaines de milliards ultérieures pour leur entretien.
LM construit par ailleurs des frégates avec missiles, conjointement avec Irving au Nouveau-Brunswick, et des armes atomiques contre lesquelles aucun parti n’a rappelé l’obligation morale du gouvernement à adhérer au Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (le TIAN). Il y a bien eu quelques déclarations timides récentes non reprises par les médias du Parti vert et on se souvient que le Bloc l’avait appuyé en janvier 2021. Il s’est passé plus de quatre ans depuis. Et les armes nucléaires de Poutine continuent à faire peur…
La campagne électorale réduite à un bipartisme
Les médias sont les grands responsables de la polarisation actuelle qui pousse les Canadiens à réduire la campagne électorale à une lutte bipartite. Et pire que cela, à une lutte entre deux chefs, comparable aux campagnes américaines déchirées entre deux prétendants à la présidence.
Par peur irrationnelle, le modèle canadien s’assimile donc au projet même du nouvel ennemi américain, et nos médias (Radio-Canada) abandonnent même la couverture des collectifs pourtant bien ancrés dans notre vie politique, Bloc québécois, NPD et Parti Vert.
Le chef conservateur Poilièvre, lui, pousse l’individualisme à cacher tout potentiel ministrable en ses propres rangs. Une tactique perdante pour le fasciste en herbe qui a vu s’effondrer son avance de 25% de votes en deux mois et demi.
Et les médias nous régalent de candidats chinois démissionnaires pour nous faire croire à de l’ingérence étrangère menaçante, cette dernière pourtant écartée par la commissaire intègre Marie-Josée Hogue ([iv]) qui avait succédé au malheureux gouverneur général David Johnson jugé trop laxiste à l’instar de Justin Trudeau : elle a ciblé la désinformation, entre autres celle d’Elon Musk qui vient de se voir administrer une défaite malgré 20 millions $ investis contre une juge démocrate à la Cour suprême du Wisconsin, Susan Crawford, élue.
L’Europe désorientée succombe aussi à l’irrationnel
Il faut se référer au dernier article de Yakov Rabkin ([v]) qui y dévoile, comme nos articles APLP et beaucoup d’autres chercheurs tel Jeffrey Sachs conseiller du Secrétaire général de l’ONU, la « russophrénie », la croyance [plus qu’irrationnelle, folle!] que la Russie est à la fois sur le point de s’effondrer… et de prendre le contrôle du monde – attisée des deux côtés de l’Atlantique [pour favoriser l’industrie de l’armement américaine]!
Le professeur Rabkin écrit que « la crise en Ukraine a été déclenchée par les événements 2014 de Maïdan, fomentés avec la participation active de la secrétaire d’État assistante pour l’Europe et l’Eurasie de 2013 à 2017 (administration Obama), Mme Nuland, qui a déclaré que les États-Unis avaient dépensé 5 milliards de dollars pour réorienter* la classe dirigeante ukrainienne loin de la Russie et de la neutralité politique vers l’OTAN et un avenir euro-atlantique. L’Europe a suivi les politiques américaines et les médias européens ont fait de même en diabolisant la Russie et son président. Les Russes ont été exclus de la plupart des événements sportifs internationaux, des festivals de cinéma et des conférences scientifiques. Au cours des dernières années, les grands médias n’ont pratiquement rien publié de positif sur la Russie. Cette vision irrationnelle de la Russie est désormais ancrée dans l’opinion publique occidentale, même dans des pays comme la France, qui entretiennent traditionnellement des liens culturels, économiques et politiques étroits avec ce pays. »
*Le terme choisi par mon digne collègue est mal choisi, puisque l’Europe a été désorientée en abandonnant les Lumières woke taoïstes provenant de l’Orient (Pierre Jasmin).
Die linke, parti politique dont le nom même représente la gauche, a ressuscité en doublant son score en Allemagne, malgré des groupuscules marxistes inspirés par die Rote Armée terroriste d’Andreas Baader et Ulrike Meinhof justifiant une lutte armée en pays démocratique. On en est heureusement très loin au Québec, même si ce genre de discorde extrémiste est favorisé par certains adversaires de Gabriel Nadeau-Dubois et par d’autres impatients chez Québec Solidaire et Presse-toi à gauche.
Le 24 novembre dernier, nos deux groupes antimilitaristes, APLP et CWPJN, furent rejoints au local des travailleurs grecs de Montréal par les discours de deux femmes qui luttent pour la paix onusienne avec David Swanson et World beyond War : d’une part, Medea Benjamin cofondatrice de CODEPINK et d’autre part, Sevim Dağdelen de l’Alliance Sahra Wagenknecht – Raison et Justice (BSW) qui a obtenu 4,97% des votes allemands, à 0,3% du seuil pour être habilité à siéger au Parlement : la solution démocratique sera probablement de trouver les compromis pour réintégrer die Linke dont il s’était séparé sur la question déchirante de l’immigration en Allemagne, soumise à des attentats odieux.
Et comment ne pas trouver l’initiative allemande de Legault dégoûtante, lui qui y a passé trois jours pour allumer l’intérêt germanique pour des armes made in Québec?
Inspirés par Tamara Lorincz, doctorante de l’Université Wilfrid Laurier ([vi]), Les Artistes pour la Paix ont, après la préréunion du G7 en Charlevoix, protesté contre la prétention de sommets tels G7 et Davos voulant prendre la place des seuls véritables sommets démocratiques, ceux de l’ONU avec la participation de tous les pays de notre planète, aux résolutions favorables à la survie de notre planète.
Le G7 donne plutôt une vision déformée du monde en ne présentant que celle des pays riches, le Canada, l’Allemagne, la France, l’Italie, le Japon et la Grande-Bretagne, avec les États-Unis représentés par Marco Rubio venu répéter les insanités trumpiennes sur « le 51e État des États-Unis ».
[i] https://www.artistespourlapaix.org/declaration-du-contre-sommet-vs-otan/
[ii] https://www.artistespourlapaix.org/une-paix-qui-derange/
[iii] https://www.artistespourlapaix.org/il-faut-annuler-lachat-des-f-35/
[iv] https://www.artistespourlapaix.org/le-rapport-hogue-contredit-la-majorite-de-nos-journalistes/
[v] On trouvera le texte du professeur émérite d’histoire de l’Université de Montréal reproduit en 3e commentaire de https://www.artistespourlapaix.org/2-articles-professeur-rabkin/
[vi] https://www.artistespourlapaix.org/le-g7-tromperie-guerriere/
https://www.pressenza.com/fr/2025/03/le-g7-une-tromperie-guerriere/
https://www.pressenza.com/2025/03/g7-a-war-prone-deception/
Artistes pour la paix, L’Aut’Journal, 9 avril 2025.
Illustration: Jacques Goldstyn
Lisez l’original ici.