La lutte ou la chute! dans Le Monde diplomatique
Cette série d’entretiens de 2018 avec Noam Chomsky, au contenu très inégal, comporte des précisions importantes et des remarques paradoxales. Interrogé sur la Syrie, Chomsky contredit sans hésiter certains « anti-impérialistes » en estimant que M. Bachar Al-Assad, et non l’intervention américaine, est «responsable de la plupart des atrocités commises». Paradoxal, le militant qu’il fut contre la guerre du Vietnam, loin de se réjouir de la déroute de l’armée américaine, regrette qu’en définitive les États-Unis aient atteint leur but, en ayant suffisamment détruit le Vietnam pour «empêcher toute menace d’un développement indépendant» d’un pays, dorénavant soumis au marché mondial capitaliste. Par ailleurs, il juge que l’intervention russe dans l’élection américaine de 2016 constitue «une blague» si on la compare à l’intervention, ouverte et impudente, des autorités israéliennes au service des élus, démocrates ou républicains, qui leur servent de ventriloques à Washington. Optimiste malgré tout, Chomsky conclut que les énormes progrès réalisés par les militants écologistes, féministes, homosexuels donnent à ceux qui se battent sur d’autres fronts des raisons d’espérer.
Serge Halimi, Le Monde diplomatique, 1er mai 2021