La crise de l’économie de nos pulsions vue par Alain Deneault
Montée de personnalités politiques « perverses », toute-puissance des entreprises, détresse au travail, humeurs des marchés… Voilà autant de manifestations de l’appareil psychique dans l’économie que de signes d’un dérèglement profond dû au « délitement des instances » propre au capitalisme, selon le philosophe bien connu. Écoutez l’auteur de L’économie psychique expliquer à Marie-Louise Arsenault comment cette crise nous porte vers « un impératif de la jouissance désespérée ».
« Par moments, on le sait – c’est le drame de notre condition –, nous ne pouvons pas dépenser [nos] pulsions, alors il faut les refouler, et c’est là que commence l’économie », dit Alain Deneault pour définir l’économie psychique.
« Comment on refoule ses pulsions indésirables socialement? On ne peut pas bousculer une personne âgée qui marche plus lentement que nous dans la rue, on ne peut pas dire tout ce qu’on veut à ses collègues… »
Refouler ou défouler?
Le penseur craint que la disparition des « instances structurantes » n’ait corrompu cette négociation entre envies individuelles et interdits sociaux : « Il est très difficile pour l’appareil psychique, au fond, d’articuler la structure qui va permettre le refoulement. »
Écoutez l’entretien ici.
Plus on est de fous, plus on lit, Radio-Canada, 7 septembre 2021.
Photo: Radio-Canada / Hamza Abouelouafaa