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30 novembre 2022

La Commune: un bateau ivre?

« Paranoïa, névrose obsidionale, amazones demi-folles, ivrognerie incontrôlable » : dans les commen­taires des médecins, au printemps 1871 où a posteriori, la Commune semble n’être qu’une pathologie monstrueuse. C’est ce qui ressort de L’ivresse des communards, prophy­laxie antialcoolique et discours de classe (1871 – 1914), essai passion­nant de Mathieu Léonard, auquel la triple casquette d’historien-journa­liste-vigneron le prédestinait — l’une de ses cuvées de vins naturels porte le nom de « Potlatch », hom­mage au « pape » du situation­nisme Guy Debord.

Dès l’insurrection du 18 mars, suivie de la proclamation de la Commune dix jours plus tard, dans les jour­naux hostiles à la révolution, deux adjectifs seront répétés à l’infini pour discréditer le peuple de Paris : alcoolique pour les hommes, pétro­leuse pour les femmes.

« L’ivrognerie était l’élément de règne de cette révolution crapuleuse. Une vapeur d’alcool flottait sur l’ef­fervescence de sa plèbe. Une bou­teille fut un des “instruments de règne” de la Commune. Elle abrutis­sait avec le vin et l’eau-de-vie les bandes imbéciles qu’elle expédiait à la mort, comme le Vieux de la Montagne hallucinait ses séides avec le haschisch », écrit ainsi Paul de Saint-Victor, mémorialiste de Lamartine.

Cette assimilation entre Commune et alcoolisme est le point de départ, selon Mathieu Léonard, de l’hygiénisme qui allait s’emparer du corps médical, une prophylaxie antialcoolique, derrière laquelle les pouvoirs politiques allaient s’abri­ter, au fil des décennies, pour habiller leur mépris de classe et disqualifier par avance toute révolte populaire. L’auteur rappelle en conclusion qu’en novembre 2018, alors que les gilets jaunes s’installaient sur les ronds-points de France, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner lançait « qu’il y avait beaucoup d’alcool dans cer­tains endroits », ce qui conduisit plusieurs préfets à interdire la vente d’alcool les samedis, jours d’action collective. Un éternel recommencement…

Sylvie Braibant, Les amies et amis de la Commune de Paris 1871, 30 novembre 2022.

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