Journal Métro, 26 octobre 2011
Livre référence:
Université inc.
Contre la reconversion commerciale des universités
Maxime Ouellet est co-auteur de Université Inc, un livre qui s’attaque au mythe de l’augmentation des frais de scolarité. Docteur en science politique, il enseigne au Collège Lionel-Groulx.
Que soutenez-vous dans votre livre?
L’argument central, c’est que la hausse des frais de scolarité ne servira pas nécessairement aux étudiants mais à une forme de privatisation de son financement qui est déjà enclenché aux États-Unis et au Canada. La plupart des intervenants du milieu universitaire ou des milieux d’affaires prétendent que les universités sont sous-financées. On montre dans le bouquin qu’il s’agit davantage d’un mal-financement. Il y a beaucoup d’argent dans les universités, mais celle-ci ne sert pas principalement à l’enseignement. On dit qu’il y a détournement des finalités de l’université, où il y a une prépondérance de sa fonction de recherche – la plupart du temps de la recherche à court terme – au détriment de sa fonction d’enseignement. Ces recherches à court terme vont servir aux besoins à court terme des entreprises. C’est cette université-là qui est mal financée. On veut faire porter sur le dos des étudiants cette reconversion commerciale de l’université.
Comment en êtes-vous venu à cette conclusion?
J’ai fait, avec Éric Martin (le co-auteur NDLR), des recherches à l’Institut de recherche et d’informations socio-économique (IRIS) sur la gouvernance des universités pour essayer de comprendre un mouvement de la privatisation des universités.
Quelle proposition de rechange proposez-vous à la mercantilisation des universités?
Les solutions ne sont pas pratiques ou pragmatiques parce que la question est politique. On doit redéfinir la finalité de notre société, et donc de l’éducation. C’est au sein de nos universités que devrait aussi se dérouler ce type de réflexion. D’un point de vue pratique, ça implique de ne pas détruire notre modèle, le modèle québécois, qui a quand même pas si mal fonctionné jusqu’ici.
Danika Landry, Journal Métro, 26 octobre 2011