
Journal d’un vidangeur: sensibiliser sans culpabiliser
L’essai de Simon Paré-Poupart n’a laissé personne indifférent. L’histoire et les réflexions derrière Ordures! Journal d’un vidangeur, intriguent tout le monde, des jeunes au moins jeunes, en passant par le jury du Prix des Libraires.
C’est jeudi, jour de tempête. Simon Paré-Poupart est au Saguenay pour parler de son essai à des jeunes du secondaire. Même s’il a hâte de rencontrer les jeunes, il ne peut s’empêcher de penser à son équipe de vidangeurs qui est sur le terrain, malgré la neige et malgré son absence. Parce que les déchets doivent être ramassés, et ce n’est pas les conditions météorologiques qui arrêteront le processus.
À travers son essai, l’éboueur plonge le lecteur dans un univers bien caché, celui des ordures. Un univers où la surconsommation et les différences de classes sociales sont toutefois bien apparentes. «Je propose au lecteur un peu la même plongée que moi j’ai faite lorsque j’avais 18 ans, lorsque j’ai commencé à ramasser des ordures, des déchets.»
Même si par cet essai, l’auteur âgé de 38 ans souhaite évidemment amener le lecteur à réfléchir sur ses actions quotidiennes associées à la consommation, son but n’est pas de créer la panique.
«Je propose que l’on prenne notre part de responsabilité, mais j’essaie de le faire très modestement, c’est-à-dire de ne pas se sentir coupable, dans le sens que c’est implanté depuis des années la surconsommation et la façon qu’on jette», souligne-t-il.
Simon Paré-Poupart a travaillé sur cet ouvrage pendant plusieurs années, avant d’être satisfait de son écriture. C’est une rencontre avec le philosophe Alain Deneault qui a «poussé» l’auteur à présenter ce qui est pour lui bien banal. «C’est comme s’il a donné une valeur à mon discours, puis il m’a présenté un éditeur, de là que je dis qu’il m’a comme poussé, il m’a fortement encouragé à mettre à l’écrit mon discours», mentionne l’auteur, ajoutant qu’il est fier du résultat.
Des jeunes intrigués
Simon Paré-Poupart est fier de son livre et des rencontres que la publication lui permet de faire. Il est d’ailleurs dans la région pour parler de son essai à des jeunes du secondaire, quelque chose qu’il ne croyait pas possible.
Il raconte avoir posé la question à l’instigatrice des rencontres. Qu’est-ce qui peut intéresser les jeunes?
«Surprenamment, elle m’a dit que c’était de connaître les vidangeurs. C’est comme si eux autres aussi ne les connaissaient pas. Ils se demandent beaucoup pourquoi je fais ça, parce qu’effectivement, on est dans un système méritocratique, donc ils se disent: “si tu as un diplôme, pourquoi tu t’en vas vidangeurs?” Donc les gens, je pense que ça les intrigue la démarche, autant celle d’écriture, que celle d’être vidangeur.»
Il croit d’ailleurs que sa réflexion pourrait s’étendre à d’autres emplois qui ne reçoivent pas assez de reconnaissance selon lui. «Il y a des emplois qui peuvent être appréciés, qui n’ont pas besoin de diplômes, mais qui sont pourtant très essentiels à la société. Il faut peut-être redonner de la valeur sociale à ces métiers-là», ajoute-t-il.
De surprise en surprise
La réception si positive de l’essai et l’exposition qu’il donne au monde caché des ordures l’impressionnent grandement. L’auteur se dit très surpris de la réponse reçue.
L’ouvrage, publié chez Lux Éditeur, a même été nommé finaliste dans la catégorie Adulte du Prix des libraires 2025, une autre récompense qui lui prouve que malgré les difficultés, il a bien fait de mettre son discours à l’écrit.
«À la base, je pensais que ce livre-là ne serait pas lu, ou très peu alors c’est certain que ça va de surprise en surprise […] Je réalise la force du livre encore dans notre société», confie l’auteur.
L’essai, qui éclaire sur le quotidien et l’univers de la récolte des déchets, est disponible en librairie depuis le mois de septembre. L’auteur multiplie les rencontres et les conférences depuis sa sortie, renseignant toujours un peu plus sur les dessous de ce qu’il appelle maintenant sa passion.
Mariane Guay, Le Quotidien, 15 février 2025.
Photo: Mariane L. St-Gelais / Le Quotidien
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