Histoire critique de l’antispécisme
L’antispécisme est un mouvement qui lutte contre la domination des humains sur les autres animaux ou, plus précisément, sur les êtres dits «sentients», c’est-à-dire capables de ressentir de la douleur. La lutte contre l’exploitation des animaux va au-delà du véganisme, qui se limite à un mode de vie individuel. Les antispécistes ont des objectifs politiques : la fin de l’élevage (industriel ou non), des zoos, des expérimentations médicales sur les animaux. Ils mènent des actions directes. Il leur arrive par exemple de filmer l’intérieur des abattoirs afin de révéler au grand public l’horreur qui y sévit, de s’en prendre aux vitrines de boucheries ou de libérer des animaux d’élevage pour leur offrir ensuite un sanctuaire refuge.
Aux origines, c’est-à-dire au XIXe siècle, l’antispécisme avait des liens forts avec l’anarchisme et avec une partie de la tradition socialiste. Aujourd’hui, pourtant, la gauche et l’antispécisme sont loin d’avoir des rapports harmonieux. Il existe certes des antispécistes qui sont également anticapitalistes, antisexistes et antiracistes. Ils tiennent à articuler ces différentes luttes, et la prise en compte de la cause animale déplace notre regard sur de nombreux sujets. Mais l’antispécisme s’accompagne aussi parfois d’un fond islamophobe ou d’une comparaison douteuse entre les abattoirs et les camps de la mort.
Pour y voir plus clair sur ce mouvement politique, son projet de société, ses différents courants et le profil de ses militants, je reçois cette semaine l’historien Jérôme Segal, auteur d’un ouvrage érudit et passionnant : Animal radical. Histoire et sociologie de l’antispécisme (Lux, 2020).
Bon visionnage !
Manuel Cervera-Marzal, «Aux Sources», Hors-Série, 18 juillet 2020
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