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24 janvier 2016

Factuel, avril 2006

Livre référence:
Petit cours d’autodéfense intellectuelle

Paroles de citoyens — Pédagogie

C’est un fait indéniable : l’école prépare l’élève à être le travailleur de demain. Toutefois, il ne faudrait pas nier que l’école forme également le citoyen pour qu’il développe un esprit critique et adopte des comportements éthiques. La maîtrise de l’outil de communication et de pensée qu’est la langue devient pour l’étudiant ou l’étudiante une habileté fondamentale pour exercer sa pleine capacité à être un citoyen. Dès lors qu’il possède cette habileté, il peut, en situation d’affrontement idéologique, expérimenter, et ce, proverbialement, qu’un coup de langue peut être pire qu’un coup de lance !

Ce trimestre-ci, les élèves du cours « Communication orale et écrite » ont expérimenté la bataille d’idées par le débat contradictoire. Il est vrai, ce type de discours impose des limites : la position nuancée est plutôt rejetée. C’est d’emblée que les participants opposent nécessairement leurs idées. Pensons seulement à notre Assemblée nationale lors de la période de questions ! Dans cette assemblée contradictoire s’opposent, des deux côtés de la chambre, des députés qui adhèrent à l’un ou l’autre des partis politiques. Ainsi, ce spectacle de « mon argument est plus fort que le tien » exige du citoyen « éclairé » qu’il soit capable d’analyser les stratégies utilisées par le politicien qui veut le séduire et le convaincre. Devant la joute oratoire, le débat télévisé, la tribune téléphonique ou simplement le débat d’idées, le citoyen doit adopter un comportement semblable, c’est-à-dire qu’il se doit d’identifer la valeur et la teneur des arguments qui sont défendus par l’un ou l’autre des panélistes, pour rejeter ou partager en partie ou en totalité la position défendue.

C’est dans cet esprit de vouloir mieux comprendre les stratégies de la communication que la classe de français s’est transformée pour quelque temps en tribune pour produire et entendre des débats contradictoires. Armés, entre autres, de l’essai écrit par Normand Baillargeon, Petit cours d’autodéfense intellectuelle, les élèves ont choisi un sujet qui pouvait être lié à leur champ d’études et sur lequel ils devaient discourir. À titre d exemples, des élèves en sciences ont choisi d’être « pour » ou « contre » les campagnes de vaccination ou, d’être « pour » ou « contre » l’installation de compteurs d’eau dans les résidences (taxe d’eau), alors que des élèves en soins infirmiers ont choisi d’être « pour » ou « contre » la privatisation des soins de santé ou la loi 112 (qui sommera l’interdiction de fumer dans les lieux publics à partir du 31 mai 2006). Puis, les étudiants et étudiantes ont effectué des recherches, développé un argumentaire et présenté leur position devant l’assemblée des étudiants, en classe. Le but de la présentation orale était essentiellement de convaincre l’assemblée que la position défendue était la meilleure, et ce, par l’humour, la peur, le mensonge, la vérité, la désinformation, l’incitation… Toutes les stratégies étaient possibles. C’était à nous, citoyennes et citoyens, de décoder les messages, d’être curieux et d’analyser les stratégies déployées pour nous séduire et nous convaincre ! Mis à part les décrochages (les rires et la nervosité), les précautions oratoires du type « mais là, c’est vrai, c’est plus une “joke” , ce que je vais vous dire, vous raconter, c’est vraiment vrai… » et un manque de justesse quant à la valeur accordée à des arguments, l’exercice a démontré, dans l’ensemble, que les élèves, bien préparés, ont réussi à développer des arguments fort solides et convaincants sur une position qu’ils avaient à défendre. Informés, cultivés, délurés, curieux, fouineurs et aussi farceurs, les étudiants et étudiantes ont fait l’expérience du pouvoir évocateur des mots en situation de confrontation. C’est également dans ce contexte qu’ils ont saisi, du moins c’est ce qu’humblement la professeure espère, que l’exercice de la citoyenneté en vaut réellement la peine quand l’esprit s’adonne avec vigilance à la critique !

Petit cours d’autodéfense intellectuelle

Présenté en cinq chapitres (le langage, les mathématiques, l’expérience personnelle, la science empirique et expérimentale, les médias), cet essai est un véritable coffre à outils pour le développement de l’esprit critique. Plus que rafraîchissant, ce petit cours contre la grande ignorance décape de vieilles couches de peinture de notre esprit de citoyen au fini parfois craquelé. Est-ce que les élèves apprécient, me demanderez-vous, la lecture obligée de cet essai ? Majoritairement oui, quoique pour certains la lecture de ce livre semble ardue : le vocabulaire serait trop spécialisé, la recherche au dictionnaire trop fréquente, la compréhension demanderait de l’effort… parfois l’intérêt pour le livre ne serait pas du tout au rendez-vous. Voici d’autres commentaires d’élèves au sujet de cet ouvrage :

« Ce livre est très utile pour un étudiant en sciences. Il permet de prendre conscience qu’il faut toujours faire nos propres recherches et ne pas croire automatiquement tout ce que les pseudoscientifiques nous disent. »

« On veut une suite pour satisfaire notre culture personnelle ! »

« Il n’est pas imprimé sur du papier recyclé. »

« Un livre qui aide à la compréhension des enjeux présentés dans les médias. »
Lorraine Dumont
Factuel, avril 2006

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