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Photo d'un manifestant faisant deux doigts d'honneur.
2 septembre 2025

En France et aux États-Unis, comment lutter contre le nouveau visage du fascisme?

Si la plupart des commentateur·rices politiques rechignent encore à qualifier de fascistes les mouvements qui progressent dans le monde entier, de plus en plus d’historien·nes et de sociologues documentent la réalité d’un néofascisme. D’Hugues Jallon à Ugo Palheta, d’Asma Mhalla à Laurent Mauduit, les livres politiques de la rentrée analysent ce phénomène alarmant.

“Lorsque les fascistes reviendront, ils auront le parapluie bien roulé sous le bras et le chapeau melon”, prédisait dès 1937 George Orwell dans son livre Le Quai de Wigan. Comme souvent chez lui, la prophétie politique a tenu la route, même si les parapluies et les chapeaux se sont métamorphosés en tronçonneuse (pour Javier Milei) et en casquette “Make America great again” pour Donald Trump.

Pire, les habits du fascisme se sont fondus dans la masse neutre de l’apparat politique dominant, notamment en France. Les discours fascistes se confondent avec ceux de leurs ancien·nes adversaires, contaminé·es par leurs idées. Ils n’auraient rien à voir avec ceux des années 1930, estiment certain·es éditorialistes et historien·nes scrupuleux·ses quant à la distinction des périodes historiques, soucieux·ses d’éviter la confusion des temps, quand d’autres s’attachent à leur concordance.

“L’enseignement que le fascisme est mort en 1945, que l’extrême droite contemporaine n’est pas fasciste, et qu’elle n’est plus vraiment ou plus du tout d’extrême droite s’est peu à peu imposé”, observe Hugues Jallon dans son essai Le Temps des salauds – Comment le fascisme devient réel. “Il est devenu, année après année, une ritournelle entonnée par le petit monde du commentariat politique”, qui a répété sur tous les tons que les fascistes d’hier n’avaient rien de commun avec les extrémistes d’aujourd’hui.

Or, si le fascisme chimiquement pur des années 1930-1940 a bien été défait, une autre formule s’est imposée quasi imperceptiblement. Peu importe le nom qu’on lui accole – postfascisme, néofascisme, démocratie sans démocrates, national-populisme, national-souverainisme, conservatisme autoritaire… –, seule compte l’idée que nous vivons la renaissance d’un idéal politique désignant l’autre (l’étranger·ère, en premier lieu) comme un être à détruire.

Le fascisme du XXIe siècle

Le sociologue Ugo Palheta soutient dans son lucide essai Comment le fascisme gagne la France – De Macron à Le Pen qu’un néofascisme traverse notre pays en portant une parole ouvertement raciste, qui, si elle n’est plus imprégnée du racisme biologique des années 1930, s’est “culturalisée”. Le RN et la majorité de la droite dite républicaine ne cessent de parler d’incompatibilité des cultures. Invocation d’une identité nationale nombrilisée et débarrassée de ses éléments étrangers, exaltation d’une Histoire falsifiée et mythifiée, appels répétés à la restauration de l’ordre, de…

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Jean-Marie Durand, Les Inrockuptibles, 2 septembre 2025.

Photo: Louise Quignon/Divergence

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