Les Européens fustigent volontiers Trump et son mur, mais savent-ils qu’ils font la même chose? Entre la Pologne et la Biélorussie s’élève, depuis 2022, «un rempart d’acier s’étirant sur 186 km, haut de plus de 5 mètres, et hérissé de barbelés concertina» (particulièrement tranchants).

Même scénario entre Lituanie et Biélorussie, Macédoine et Serbie, Grèce et Turquie : «Non seulement les murs prospèrent, mais, à partir de 2024, il y a des chances pour que l’UE les finance.» Quant aux conservateurs britanniques au pouvoir, ils méritent la médaille du cynisme. En renvoyant les illégaux par avion au Rwanda moyennant finances, ils s’illustrent dans l’«externalisation du contrôle des frontières par des pays souvent peu scrupuleux en matière de droits de l’homme».

Être refoulé faute de papiers est une chose, être tabassé et terrorisé en est une autre. Des zones de relégation en Libye, à Lampedusa, à Belgrade, à Melilla, le journaliste Emilien Bernard a rapporté des témoignages saisissants. Y compris en France: du côté de Briançon, à proximité de la frontière italienne, prospère «une traque irrationnelle». Heureusement, les bénévoles du Refuge accueillent les rescapés épuisés. Pourtant, que la montagne est belle…

F.P., Le Canard enchaîné, n^o 5399, 30 avril 2024