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24 janvier 2016

Contretemps, «lectures», 27 aout 2011

Livre référence:
Futurs proches
Bonnes feuilles de Futur proches de Noam Chomsky

Le principal défi que l’humanité est aujourd’hui appelée à relever est littéralement celui de sa propre survie. Le général Lee Butler, ex-commandant du Strategic Command (Stratcom) des États-Unis, a abordé le problème sans détour voilà plus de dix ans. Pendant toute sa longue carrière militaire, écrivait-il, il a compté « parmi les plus ardents défenseurs des armes nucléaires » ; il disait désormais avoir « le devoir de déclarer, avec toute la certitude dont je suis capable, que je considère qu’elles nous ont extrêmement mal servis », puis expliquait les raisons de ce revirement. Il posait ensuite une question lancinante : « De quel droit les générations successives de dirigeants des puissances nucléaires se sont-ils arrogé le pouvoir de décider des chances de maintien de la vie sur notre planète ? Question plus urgente : comment une telle impudence peut-elle persister en cette époque où nous devrions trembler d’effroi devant notre sottise et s’unir en vue de mettre un terme à ses manifestations les plus funestes ? » À notre grande honte, sa question est non seulement restée sans réponse, mais est aussi devenue plus urgente.

Peut-être le général Butler réagissait-il à l’un des documents de planification les plus stupéfiants qu’on puisse consulter, le rapport du Stratcom intitulé Essentials of Post-Cold War Deterrence (« Éléments essentiels à la dissuasion dans l’après-guerre froide »), paru en 1995. On y recommande de maintenir en place les ressources militaires orientées contre l’ex-URSS, mais en élargissant leur mission. Il faut désormais les diriger vers les « États voyous » du tiers-monde, conformément à la thèse du Pentagone selon laquelle « l’environnement international est passé d’un “milieu riche en armes” [l’URSS] à un “milieu riche en cibles” [le tiers-monde] ». En outre, le Stratcom considère que les États-Unis doivent avoir « toute la gamme des moyens de riposte » à leur disposition. De ces moyens, les armes nucléaires sont les plus importants, car, « au contraire des armes chimiques ou biologiques, celles-ci provoquent une destruction massive et immédiate, et il existe peu de moyens permettant d’en atténuer les effets, s’il en existe ». De plus, même si l’on ne s’en sert pas, « dans toute crise ou tout conflit, les armes nucléaires font planer une menace » nous permettant d’atteindre nos objectifs par l’intimidation. Les armes nucléaires « semblent vouées à devenir la clé de voûte de la dissuasion stratégique américaine pour un avenir prévisible ». Nous devons rejeter la « politique du non-recours en premier à l’arme nucléaire » et bien faire comprendre à nos adversaires que nous pourrions « réagir […] soit par une riposte, soit par une attaque préemptive ». En outre, « il nous est dommageable de donner de nous-mêmes une image trop rationnelle et modérée ». Par la « personnalité nationale que nous projetons », nous devons faire clairement comprendre au monde que « les États-Unis peuvent se montrer irrationnels et vindicatifs si l’on s’en prend à leurs intérêts vitaux », et que « certains de leurs éléments pourraient perdre toute retenue ».

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