Description
« Ils se croyaient des vaincus ; on leur fit comprendre qu’il ne tenait qu’à eux d’imposer leurs conditions aux maîtres. À époques fixes, Papineau avait passé dans les campagnes pour préparer les voies au grand événement. Ses paroles avaient fermenté tout au fond de leur âme comme le raisin au temps des vendanges. Les simples, les voilà partis, galopant à bride abattue sur leur chimère, à travers l’impossible, en plein champ d’enthousiasme. Chaque jour s’ancrait en eux la résolution de résister par tous les moyens à l’envahissement de l’étranger. Les visites de Papineau ne suffisaient plus à alimenter leur flamme dévorante ; ils prenaient le moindre prétexte pour se réunir et parler en petits et en grands comités afin de traiter de la question passionnante qui hantait continuellement leur esprit. Sur le perron de l’église, le dimanche, à l’auberge du village, sur la place du marché, ils se portaient en foule, pour entendre le récit des griefs de chacun et se communiquer les dernières nouvelles de la situation politique. Papineau n’était pas seul à prêcher l’évangile de la révolution: son esprit était passé en d’innombrables disciples. »
En 1924, à travers la figure de Louis-Joseph Papineau, c’est en fait à une critique radicale de sa société qu’elle se livre. Pourquoi lire son livre aujourd’hui? Pour la même raison, au fond, qu’elle se donna la peine de l’écrire hier : pour avoir l’avenir en tête.