La situation : le Chien Rouge a besoin de tunes. La solution : abonnez-vous, morbleu. Une certitude : il n’existe pas de meilleur cadeau de Noël qu’un abonnement à CQFD, mensuel indépendant s’il en est. Remballez vos chocolats, toute la famille a soif de critique sociale !
On va pas se mentir, ça rutile pas des masses dans la niche vermoulue du Chien Rouge. C’est pas pour la jouer alarmiste, mais en l’état actuel des choses, CQFD ne passera clairement pas l’été. Après avoir raclé les fonds de tiroir, troqué nos boutanches de château-margaux pour des cépages douteux et proposé un coin de notre local à la location sur AirBnb, on finit par faire appel à vous, doux lecteurs et douces lectrices chéri·es. Encore.
On vous entend renâcler d’ici : « Ouais mais vous nous avez déjà fait le coup il y a deux ans, nous aussi on n’a plus un lové. » On vous croit sur parole, camarades. Mais on n’a pas le choix. Si la vague d’abonnements générée par notre dernier appel à soutien avait impulsé un second souffle en 2017, on clapote de nouveau dans le rouge. Parce que, mine de rien, ça coûte du flouze de sortir un mensuel de 24 pages. Déjà, il faut rétribuer notre maquettiste de talent qui se décarcasse pour que le canard ait chaque mois une dégaine de compét’. Et puis il y a le salaire de notre pétillant secrétaire de rédaction, sans qui le journal serait un champ de mine orthographique aussi mal écrit qu’un essai de Bernard Guetta. Sans oublier celui de notre vénérable Vé, qui s’assure entre autres que vous receviez bien CQFD dans votre boîte aux lettres.
Au final, trois temps partiels payés au Smic pour une implication à te flinguer une vie sociale. Ajoutez à cela un loyer à régler, les coûts de production et de diffusion, les chips des bouclages et notre yacht à Saint-Tropez… Logique qu’on boitille un chouïa question finances, malgré un fonctionnement à grande majorité bénévole.
Pour rappel, ça fait dix-sept ans que le Chien Rouge affiche ses crocs en kiosque. Le genre de journal qui entend rendre visite au monde en entrant par la porte de service. Un canard qui s’improvise en mégaphone des voix oubliées et s’échine à tirer sur le fil des rapports de domination en tentant de ne jamais oublier de mettre un coup de projecteur sur les failles émancipatrices. Luttes sociales, migrations, critique du monde du travail, féminisme, libertés publiques… Bref, un mensuel de critique et d’expérimentations sociales, un vrai. On essaye, en tout cas. Nos reportages aux quatre coins du monde, nos enquêtes, analyses et autres chroniques sont commis par des journalistes, des chômeuses et des chômeurs, des salarié·es qui connaissent leur sujet…
Le régime du Chien Rouge ? Essentiellement des croquettes bas de gamme et de la niaque viscérale. S’ils nous courtisaient, sûr qu’on adorerait envoyer bouler les Patrick Drahi et autres Bernard Tapie, mais à dire vrai on ne croule pas sous les propositions… En tout cas, on reste férocement indépendant·es, abreuvé·es à l’huile de coude et à la camaraderie, malgré quelques petites sucreries arrachées de haute lutte [1].
Et puis on est des oufs, en vrai. Des déglingos. Alors même que nos finances crient « C’est la merde », on a plein d’idées en tête, de projets d’amélioration, d’envies de tout casser comme Balavoine. Grâce à une camarade libraire über-motivée (voire inconsciente), on s’est ainsi lancé·es dans une entreprise titanesque en vue d’inonder de nos canards librairies et petits lieux militants. On est aussi bigrement tenté·es d’offrir une seconde jeunesse à notre fidèle compagnon en concoctant un ravalement de façade à sa vitrine numérique. Un joli site, tout beau tout propre, avec un zeste de contenu exclusif. Il y aurait même un poste à la clé, pour affûter tout ça comme il se doit et envahir l’Internet mondial.
Parole, parole, parole, chantait Dalida. On va essayer de la faire mentir. Et on terminera ce pesant exercice d’autopromo comme on l’a commencé : en vous incitant, bande de fripon·nes, à vous abonner à ce canard [2] qu’on mitonnera jusqu’à l’effondrement final (la fin du monde, quoi), coûte que coûte. Et peut-être même après, s’il reste des zombies anticapitalistes survivants pour nous lire.
Bisous, L’équipe du Chien Rouge
PS : Depuis quelque temps, le Chien Rouge a découvert qu’on était au XXIe siècle : il est désormais possible de s’abonner en ligne. Autre nouveauté ce mois-ci, vous pouvez choisir de le faire par prélèvement automatique. Plus besoin de se réabonner chaque année, CQFD arrivera chez vous jusqu’à la fin du monde.
Notes
[1] Après le sabrage des emplois aidés, on a frappé à quelques portes et le Chien Rouge s’est vu offrir deux paquets de croquettes : l’un par la fondation un Monde par tous (privée), l’autre par le Fonds pour le développement de la vie associative (public). Au total, 17 000 € cette année sur un budget annuel qui dépasse les 100 000 €.
[2] Encore mieux : abonnez les gens autour de vous, en masse !
CQFD, no 182, 5 décembre 2019
Lisez l’original ici.